La 71e édition du Festival de Cannes sera placée sous le signe de Cate Blanchett. Nommée présidente du Jury, l’actrice jouera un rôle important aux cours des festivités cannoises. Profitant de cette occasion, Le Mag Cinéma vous propose un rapide retour sur la carrière de l’une des comédiennes les plus talentueuses de sa génération.
Née en 1969 dans la banlieue de Melbourne en Australie, Cate Blanchett commence sa carrière au cinéma au début des années quatre-vingt-dix. Le succès arrive avec Elizabeth (Shekhar Kapur, 1998), qui sur bien des points synthétise l’art et la manière de la star en devenir. Son rôle de monarque lui permet d’affirmer son talent dramatique et d’orienter son style de jeu du côté d’une théâtralité dont elle ne se départira jamais. Cette particularité méthodologique s’articule autour d’une persona marquée par la présence de personnages féminins forts et indépendants.
Philippa (Heaven, Tom Tykwer, 2002) Veronica Guerin (Veronica Guerin, Joel Shcumacher, 2003), Claire Simone (Monument Men, George Clooney, 2014), Carol Aird (Carol, Todd Haynes, 2015), Mary Mapes (Truth : Le Prix de la vérité, James Vanderbilt, 2015) composent les différentes facettes d’une femme unique en son genre, luttant contre les valeurs patriarcales d’une société phallocratique. Mais au-delà de ces seules contingences contextuelles, le personnage blanchettien doit souvent se confronter à des problématiques plus existentielles : la mort (Charlotte Gray, Gillian Amstrong, 2001), le temps (L’Étrange histoire de Benjamin Button, David Fincher, 2008), ou les affres de la création artistique (Knight of Cups, Terrence Malick, 2015).
Le caractère théâtral de son jeu s’épanouit au contact des nombreux monologues émaillant sa filmographie, mais aussi à travers le caractère tragique dont sont empreintes les destinées de ses personnages. Le sentiment amoureux prend ainsi chez elle la valeur d’un scandale (Chronique d’un scandale, Richard Eyre, 2006), ou d’une subversion sociale (Carol), tandis que dans Blue Jasmine (Woody Allen, 2013) son rôle d’épouse déchue rappelle la condition de la Blanche Dubois d’Un tramway nommé Désir.
À l’inverse de sa compatriote Nicole Kidman, Cate Blanchett délaisse le naturalisme pour privilégier les compositions extérieures, lui permettant de se prêter au jeu du genre fantastique et du film historique. Outre le diptyque Elizabeth, il convient de remarquer son interprétation de l’elfe Galadriel dans la trilogie du Seigneur des anneaux (2001-2003) et celle du Hobbit (2012-2014) orchestrées par Peter Jackson. Soulignons encore son interprétation de Marianne dans le Robin des Bois (2010) de Ridley Scott, ou son rôle de marâtre dans l’excellent Cendrillon (2015) de Kenneth Branagh.
D’un naturel ambiguë, Blanchett prête ses traits aux caractères transgressant les genres et les conventions (I’m Not There, Todd Haynes, 2007), entretenant les mystères de l’androgynie et du dédoublement (le fascinant segment « Cousins » de Coffee and Cigarettes [Jim Jarmusch, 2003]). Ses modèles et ses références s’origineraient donc auprès de certaines figures marginales du classicisme : l’allure aristocrate et le caractère racé de Bette Davis sans doute, mais plus encore Katharine Hepburn avec laquelle Blanchett partage un tempérament fort, ainsi qu’une originalité de ton qui transparaît toujours à travers ses représentations. Ce sera son interprétation de Hepburn, justement, qui lui permettra d’obtenir son premier oscar avec le magistral Aviator (2004) de Martin Scorsese.
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