Mis à jour le 25 mai, 2015
Nous avons rencontré Michel Blanc à l’occasion de la sortie imminente du film Les souvenirs réalisé par Jean-Paul Rouve. Il nous a fait des révélations pour le moins inattendues et stupéfiantes.
Extraits :
LE MAG CINEMA : Que pensez-vous des réalisateurs comme Kechiche récemment -ou Clouzot autrefois- qui cherchent à mettre du réel dans le jeu des acteurs, qui aiment à les mettre dans certaines conditions pour qu’ils jouent ?
MICHEL BLANC : J’ai refusé de rencontrer Kechiche. Parce que je je n’ai pas envie de travailler comme ça. J’avais refusé aussi de rencontrer Pialat. Si un metteur en scène n’a pas confiance en mon talent, s’il veut absolument que je sois une marionnette et lui l’esprit qu’on sent [sic] il faut qu’il fasse appel à une marionnette. Il y en a sur le marché.
Pialat c’était pour quel film ?
MICHEL BLANC : Pialat c’était pour Police il y a très longtemps. Et comme il était très tordu… je peux vous raconter ça comme il est mort maintenant… comme il était très tordu bien entendu ce n’est pas lui qui m’a appelé. Comme j’étais copain avec son deuxième assistant, il a dit à ce dernier : « Appelle-le ! Dis-lui qu’il m’appelle si ça l’intéresse de travailler avec moi ! » Déjà c’était installer une espèce de rapport tordu comme il l’était. Mais je me suis vengé… Non, pas vengé : je me suis marré… Je n’ai pas appelé. Donc il a fait appel à quelqu’un d’autre. Et il a tourné son film qui est un très bon film… parce qu’il avait du talent hein, attention : c’est pas un jugement sur le talent c’est un jugement sur l’attitude. Moi je ne ferai pas ce métier à n’importe quel prix. Enfin bref… Et il se trouve que quelques temps après cette histoire je me suis retrouvé à Cannes [en 1986 NDLR] pour la soirée de remise des prix où Pialat a gagné pour Sous le soleil de Satan. Il y a un dîner après la remise des prix, j’étais à une table et Depardieu était assis à une autre table à côté de Pialat. Et là Gérard m’appelle « Viens donc ! Viens donc ! Ecoute, ! viens donc avec nous Michel ! Ah ! Tu connais Maurice ? « Donc déjà Pialat lui envoie une saloperie… En l’occurrence Pialat avait eu la Palme d’or et moi j’avais eu j’avais eu le Prix d’interprétation pour Tenue de soirée [de Bertrand Blier NDLR]. Et comme ça, entre deux petits bout de pain, il dit à Depardieu : « Ça t’emmerde pas qu’à chaque fois quelqu’un te pique le prix d interprétation ? » Et Depardieu : « Oh, parle pas comme ça, parle pas comme ça Maurice ! C’est pas bien Maurice, c’est pas bien ! » Et l’autre [Pialat] me fait : « Mais pourquoi vous n’avez pas voulu travailler avec moi ? » Et là je me suis payé vraiment le plaisir de ma vie. Je lui ai dit : « Mais je savais pas que vous aviez envie de travailler avec moi ! Personne m’a dit ou ne m’a appelé pour me dire que vous me proposiez un rôle. » Et il a compris. Et j’ai senti dans son œil : « Bon d’accord ». Ça a été un bonheur pour moi ! Voilà l’histoire. Ça n’empêche pas que je trouve que ses films sont extraordinairement forts mais je ne veux pas payer ce prix là. On peut faire des films forts avec des gens qui restent des êtres humains sensibles, exigeants mais sensibles. Je n’ai pas envie de ça. Et je n’ai pas surtout pas envie que ni moi ni personne dans cette profession d’acteur ne soient considérés que comme une sorte d’enfant qui n’a pas besoin de comprendre et qui n’a qu’à faire ce qu’on lui dit.
Quel était le rôle que vous proposait Pialat ?
Devoir de réserve comme dirait Jean-Pierre Juillet ! [Nous supposons fortement qu’il s’agit du rôle de l’avocat tenu finalement par Richard Anconina NDLR]
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