Mis à jour le 6 février, 2017
Né le 17 janvier 1962 à Newmarket (Ontario) au Canada, Jim Carrey fête aujourd’hui ses 55 ans. Plus de trente années passées à nous faire rire et pleurer (voire les deux en même temps), méritait bien qu’on s’attarde un peu sur cet acteur hors-normes.
En 1994, The Mask (Chuck Russell) fait découvrir Jim Carrey au monde entier. Dans son rôle d’employé de banque falot qui découvre par hasard un masque magique, Carrey fait des étincelles. Le film profite de la popularisation des images de synthèse débutée avec Terminator 2 (James Cameron, 1991) et Jurrasic Park (Steven Spielberg, 1993), pour amuser et impressionner les spectateurs de l’époque. Mais c’est surtout l’acteur qui remporte les suffrages du public. Au masque de latex les effets spéciaux, aux jambes, aux bras et au buste de Carrey les extraversions les plus audacieuses. Loin d’être dépassé par la technologie, Jim s’adapte et concilie ses capacités dramatiques avec les possibilités offertes par le numérique. Cette qualité d’adaptation sera mise à profit dans Le Drôle de Noël de Scrooge (Robert Zemeckis, 2009) tourné en performance capture.
Lorsqu’il apparaît dans le plan, Carrey en devient le maître. Les réalisateurs qui ont eu la chance de le diriger privilégient souvent le plan moyen, mais pas seulement. Polyvalent, Carrey sait jouer avec l’ensemble de son corps, et travaille le gros plan en étirant aux maximum les traits de son visage. On en trouve l’une des plus belles preuves dans Fous d’Irène (Peter et Bobby Farrelly, 2000), lorsque Jim cherche à simuler la transformation identitaire de son personnage. Son faciès, tour à tour tendu et relâché, exprime les différentes étapes du basculement. Aucun effet supplémentaire ici, seul un acteur en pleine prouesse face à la caméra.
Un an avant The Mask, Ace Ventura, détective pour chiens et chats lui avait permis de composer un personnage haut en couleurs. Tom Shadyac, le réalisateur (que Carrey retrouvera pour Menteur, menteur en 1997,et Bruce tout-puissant en 2003), lui laisse un maximum de latitude et l’encourage même à improviser. Jim s’inspire de la démarche et du comportement de nombreux animaux (rongeurs, primates et autres volatiles) pour conférer à son rôle une personnalité originale et, parfois, inquiétante. Loin de rassurer, son étrangeté confine à la folie, parfois stupide (Dumb and Dumber des frères Farrelly en 1994), souvent violente et cruelle (Batman Forever de Joel Schumacher en 1995 ; Disjoncté de Ben Stiller en 1996). De fait, Carrey incarne une espèce de subversion sociale dont la première arme serait le rire. Chômeur devenu braqueur dans Braqueurs amateurs (Dean Parisot, 2005), il fait du mensonge un moyen de servir ses intérêts dans Menteur, menteur et I Love You Phillip Morris (Glenn Ficarra et John Requa, 2009).
Cette double tonalité sert ses interprétations dans The Truman Show (Peter Weir, 1998), et Man on the Moon (Milos Forman, 1999). Prisonnier d’une émission de téléréalité ou du cadre sclérosé de la télévision américaine des années soixante-dix, Carrey fait imploser les normes. Dans le film de Forman, il incarne le comique Andy Kaufman, spécialiste de l’humour absurde et des numéros d’imitation. Jim partage avec lui ce goût pour le mimétisme. Dès ses premières apparitions sur les planches des cabarets canadiens, il s’emploie à amuser son public à travers des caricatures plus vraies que nature. Dans son one-man-show intitulé Unatural Act (1991), il se transforme en Clint Eastwood, Jack Nicholson, Michael Landon, ou encore James Dean, devant des spectateurs médusés. Rappelons encore que ses tous premiers films usaient de cette particularité. Figurant dans Pink Cadillac (Buddy Van Horn), il énerve un Eastwood peu enclin à l’amusement en imitant de façon fort personnelle Elvis Presley, tandis que dans Copper Mountain (David Mitchell, 1983), son personnage de Bobby Todd ne parvient à combattre sa timidité avec les femmes qu’en imitant (de manière un peu maladroite) des personnages célèbres. Tout naturellement, Jim s’épanouit dans les double-rôles, voire les triples à l’instar du Comte Olaf des Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire (Brad Silbering) qui use de multiples déguisements pour amadouer trois jeunes enfants bien décidés à se débarrasser de lui.
Loin de se cantonner à la comédie, Carrey exploite ses talents dans différents registres. En 2001, il réussit sa transition avec The Majestic (Frank Darabont, 2001), mais c’est surtout Eternal of the Spotless Mind (Michel Gondry, 2004) qui prouve que le drame, voire la tragédie, sont aussi faits pour lui.
Alors, pour tout ceci et pour tous les films à venir, merci et joyeux anniversaire Jim. Quant aux lecteurs qui souhaiteraient en savoir plus sur Carrey, je me permets de les inviter à découvrir le premier essai écrit par votre humble serviteur : Les mille et un visages de Jim Carrey, publié en 2016 aux éditions Rouge Profond.
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Monday, January 23, 2017–6:34 am CST
Looks like an interesting book. But wish there was an English version of the book.
Terry Marvin (Dallas, Texas, USA)
I wish too, perhaps one day, but we have to be patients…
Thank you for your support and have a nice day 🙂