Notamment révélé par 2 automnes, 3 hivers, Sébastien Betbeder a depuis réalisé quatre films : Marie et les naufragés, Le Voyage au Groenland, Ulysse & Mona, Debout sur la montagne.
Sur des thématiques très proches, les films du réalisateur donnent la parole à des trentenaires révolus assaillis de doutes quant à leur situation. Des personnages en proie au temps qui passe et qu’il n’est plus possible de rattraper, des personnages qui essayent de composer un après, de trouver des objectifs conjugués au futur.
Si 2 automnes, 3 hivers a particulièrement plu pour l’audace de sa forme (un long-métrage composé de chapitres bien découpés, de scènes et des ressentis respectifs de chaque personnage qui les vivent), les films postérieurs du réalisateur sont peu populaires et les critiques souvent mitigées.
Pourtant le réalisateur français a su trouver une tonalité particulière pour ses réalisations. Il définit lui-même ses films comme des « dramedy », ce terme américain utilisé pour catégoriser des comédies qui dérivent vers des moments très mélancoliques.
Maître de l’absurde, nous pourrions rapprocher les films de Betbeder de ceux de Quentin Dupieux reconnus en la dénomination. Mais à cet absurde s’entremêle la mélancolie des introspections lucides et sans fards des protagonistes.
A travers un humour décalé, Betbeder explore la force des sentiments amoureux mais surtout amicaux. De l’univers parisien où les gens se heurtent dans un tumulte qui ne permet pas de créer du lien aux rencontres insolites dans des univers coupés du monde, Betbeder capture les tracas de la vie quotidienne avec un humour tendre.
Le réalisateur au sein de ses productions aborde de même sans en avoir l’air des sujets sérieux et certaines fois politiques ; la condition des intermittents du spectacle ou des métiers de l’Art en général –Voyage au Groenland, Ulysse & Mona-, les modèles de sociétés qui s’exportent même dans les endroits les plus reculés, laissant la population en proie à des malaises grandissants –Voyage au Groenland-.
S’il a montré au grand public le talent de Vincent Macaigne au cinéma, le réalisateur s’entoure de nombreux acteurs issus du théâtre, apportant une littérarité appréciable, avec notamment ses trois acteurs phares : Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, Bastien Bouillon jouant aux côtés de Eric Cantona ou encore William Lebghil.
Un cinéma qui fait du bien et qui nous prouve que le genre de la comédie en France peut encore rimer avec qualité cinématographique.
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