XVIIIe siècle. Anne, grandie fille, doit « changer d’habit » en raison de son attirance pour les femmes. Devenu homme, il se marie, et vit une grande histoire d’amour avec sa nouvelle épouse jusqu’à ce que son passé le rattrape… L’histoire vraie et bouleversante d’Anne Grandjean née intersexe, et de son procès retentissant, qui interroge encore aujourd’hui toutes nos certitudes…
Jean-Claude Monod signe ici son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste, mettant en scène des comédiens peu connus à l’instar de l’actrice principale Marie Toscan qui livre dans ce film une interprétation à couper le souffle.
Un jour fille est marqué par le fait que le protagoniste, d’abord considéré comme une femme, n’a pas la possibilité de s’exprimer, contraint de changer d’habit en fonction de son attirance sexuelle qui ne correspondait pas aux normes de l’époque pour une femme. Puis, lorsqu’il trouve enfin un certain équilibre entre sa différence physiologique et sa volonté de vivre normalement, la justice le condamne pour avoir suivi les conseils qui lui avait été donnés, le ramenant en pleine lumière contre son gré. Ainsi, la majeure partie de sa communication se manifeste par son regard qui exprime davantage d’éléments que la parole, ne dit-on pas que les yeux reflètent l’âme. En effet, l’étouffement de Jean-Baptiste Grandjean se ressent également par le spectateur avec de nombreux gros plans sur le reflet de ses bourreaux dans les yeux.
Le film se construit en fonction des saisons en commençant par le printemps qui correspond au moment où Anne/Jean-Baptiste se trouve en plein éveil de ses désirs sexuels accrus pendant l’été lorsqu’il a ses premiers émois tout en suivant une troupe de comédiens itinérants à l’instar de la caméra exagérément instable. L’automne avec ses teintes rousses comme les cheveux de son épouse jouée par Iris Bry et la tendresse présente lors des scènes d’amour symbolise son épanouissement émotionnel et sexuel. Enfin, l’hiver froid et maussade marque le déclin de Jean-Baptiste avec son procès et son passage brutal en prison.
Durant cette période, le protagoniste s’efface complètement, recroquevillé sur lui-même et réduit à une simple bête de foire à cause de sa particularité physique. Une scène où des libertins payent pour observer, scruter et se divertir devant cet homme impuissant dépeint parfaitement la curiosité malsaine et la cruauté de ses personnages. Si bien que le spectateur se place en voyeur avec des vues en plongée sur Jean-Baptiste montrant l’oppression qu’il subit.
Malgré quelques plans rapprochés en caméra embarquée face à l’actrice qui ne fonctionnent pas, notons la qualité du le scénario avec des dialogues réalistes et un langage soutenu adapté à l’époque où s’inscrit le récit du film. Ainsi, Un jour fille de Jean-Claude Monod se base sur un système d’alternance entre privé et public, la volonté de Jean-Baptiste Grandjean à cacher son secret et la justice qui ne cesse de le montrer au grand jour.