Alors que toute la planète des amoureux du cinéma s’impatiente de connaître la programmation du prochain festival de Cannes 2014, que nous vous ferons un plaisir de suivre, certains auront peut être noté dans les sorties récentes au cinéma deux films qui étaient en sélection officielle à Cannes en 2013.
Le premier, Nebraska, avait sur place recueilli de nombreuses critiques positives, quand le second Heli, projeté très tôt dans la compétition, avait bien davantage déçu.
Il faut bien avouer que discuter de ces deux films que tout oppose en un seul billet relève du grand écart …
Le premier est tendre, plutôt optimiste, positif assurément, et propose une galerie de personnages auquel le réalisateur souhaite que l’on s’attache; il vise à nous attendrir, à nous faire sourire, sur fond d’une certaine poésie (d’aucuns diront d’une poésie certaine). L’image est belle, le noir et blanc choisi à dessein; Alexander Payne choisit une facture « Cinéma Indépendant Américain », plus proche en ceci de Sideways, que de The descendants, ses précédents opus.
Le second est volontairement austère, froid, dur. Il ne cherche surtout pas à épargner le spectateur, bien au contraire, Amat Escalante cherche à plaire en montrant, en choquant, en dérangeant. Il s’inscrit très clairement dans la lignée de son compatriote Reygadas, qui avec Bataille dans le ciel et bien plus encore avec Japon s’était fait fort d’un cinéma âpre, et sans concession.
Le Mexique est une terre de violence, et il convient de le montrer ainsi. Un cinéaste n’est-il pas avant tout un passeur, un observateur ?
Cette opposition de style caractérise le festival de Cannes, et chaque année nous nous posons la question de savoir quelle grille de lecture adopter pour juger de la qualité d’un film. Cette grille doit-elle être objective ? Peut-elle l’être ? Doit-on rester sur sa propre sensibilité, subjectivité ?
L’année dernière pourtant le choix fut aisée … La sélection comportait de très bons films, quelques films plus discutables en sélection (notre avis sur Heli et Nebraska* ne le cachons pas), et un chef d’oeuvre indiscutable, mais discuté; La vie d’Adèle.
* étonnamment, Nebraska nous a rappelé le plus linéaire des films de David Lynch, Une histoire vraie. En l’occurrence, on aurait préféré une ressemblance avec Lost Highway … Bruce Dern obtint le prix du meilleur acteur. Sans renier que sa performance soit élégante, le prix nous avait semblé un peu exagéré … Heli obtint le prix de la mise en scène. Peu ont critiqué ce choix, et pourtant … D’un point de vue mise en scène Heli est très anodin …