Grace de Monaco est un pari risqué pour Olivier Dahan.
Le sujet est évidemment osé, Grace Kelly devenue Grace de Monaco appartient à la légende, s’apparente à un mythe intouchable. Sa disparition trop soudaine s’accompagne inexorablement d’une part de mystère, d’une zone d’ombre qu’un biopic peut ou non lever.
Le projet fait parler lorsque Nicole Kidman est choisie pour incarner Grace Kelly. Puis, quand Olivier Dahan clame haut et fort que le montage voulu par le tout puissant Harvey Weinstein lui ôte toute liberté artistique. Une nouvelle polémique voit le jour lorsque la famille princière de Monaco demande expressément (par l’entremise de Stéphanie De Monaco) au public et à la presse de boycotter le film, arguant que le biopic se permet des largesses scénaristiques. Celles-ci irritent du côté du Rocher sans même que les autorités Monégasque n’aient vu le film !
Aussi,quand il fut annoncé que Grace de Monaco serait le film d’ouverture de Cannes, qui en général faire la part belle aux films commerciaux, qui en mettent plein la vue – sorte d’artifice pour contenter tout un pan de l’industrie du cinéma-, nous nous attendions tout bonnement à une oeuvre « mainstream ». Olivier Dahan, poursuivrait le virage commercial commencé avec Les seigneurs -qui nous ferait presque oublier qu’il est l’excellent auteur de Déjà mort et de La môme
La scène d’introduction nous rassure et estompe notre a priori négatif : le projet a bel et bien une intention artistique, la photographie, l’image, les plans ne sont pas anodins.
Cependant, rapidement nous entrevoyons hélas quelques défauts que vous avez sans doute lu dans quelques unes des critiques assassines.
La subjectivité peut alors intervenir, des défauts peuvent être parfois des sources d’intérêts.
Peut-être aimerez-vous le côté boursouflé par exemple, la signature très américaine qui consiste à sortir les violons pour bien souligner une émotion ? Peut être aimerez-vous la très grande liberté prise, le quasi détachement de Dahan vis à vis des faits historiques, et en ceci, un grand écart vis à vis du genre biopic ? Peut être ne vous offusquerez-vous pas plus que cela du peu de ressemblance physique entre N. Kidman et la Princesse Grace, ou de celle entre Tim Roth et Rainier De Monaco ? Peut être apprécierez-vous l’intention très noble de traiter plusieurs thématiques en une, sans être gênés plus que cela par le manque de nuances ou de fil conducteur ? Peut être enfin serez-vous ravi d’apprendre que le film est avant toute chose une fiction politique ?
Si aucun de ce que nous nommons ici défauts ne vous rebute, alors à l’inverse peut être être passerez-vous votre chemin à la lecture des quelques qualités qui contrebalancent.
Vous l’aurez peut être noté, nous avons laconiquement tweeté, en guise d’impression, « pas mal », quand les premiers arguments auraient pu nous donner envie d’ironiser vertement, à sortir la plume provocatrice.
Paz Vega joue Maria Callas, invitée d’honneur de Rainier et Grace au bal de Monaco.
Oui, une autre lecture de Grace de Monaco mérite, à nos yeux, d’être exposée. Outre la relative beauté plastique de l’objet, le premier argument que nous avançons est qu’à nos yeux, depuis 2010, Grace de Monaco est le meilleur film d’ouverture du festival de Cannes diffusé , dépassant le bling- bling Gatsby pas si mal lui non plus.
Parmi les thématiques secondaires ensuite, certaines s’avèrent intéressantes, rythment habilement le film. On pense notamment à celle qui, empruntée au Discours d’un roi, montre l’apprentissage de Grace Kelly à devenir Princesse, qui tend à donner un second souffle au film, et met en avant une qualité de jeu de Nicole Kidman que l’on ne lui connaissait pas forcément, une expressivité du visage (eh oui !) plutôt juste.
On pense encore à la thématique plus principale, qui s’intéresse à la psychologie de Grace Kelly, notamment face au dilemme qui s’impose à elle, devenir princesse mais rester actrice, mais aussi à celle du Prince de Monaco.
Nous avons enfin apprécié la part importante et la qualité des portraits. Les émotions vécues se lisent et se traversent dans le regard de Nicole Kidman.
Verdict : pas mal, disions-nous.