Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l’embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.
Sarah Suco, actrice française connue depuis déjà quelques années, a choisi pour son premier long métrage un sujet très délicat, dur à approcher, et totalement autobiographique.
Parler de soi et de ses douleurs passées au cinéma est un désir légitime, commun à plusieurs cinéastes, mais pas toujours facile à traduire avec le langage cinématographique, surtout quand il s’agit d’une première expérience en tant que réalisateur.
Avec Les Éblouis, Sarah Suco a pour objectif de mettre en scène ses souvenirs d’une enfance troublée, vécu dans une situation anormale, dont elle n’est pas ressorti totalement indemne.
La protagoniste du film, Camille, double à l’écran de la réalisatrice, se voit dans l’obligation, malgré elle, de choisir d’abandonner le cirque pour être en harmonie avec les dogmes de la communauté religieuse adoptée par ses parents, et dans laquelle elle doit s’insérer, en grande partie, pour faire plaisir à sa mère, interprétée par Camille Cottin.
Le film s’intéresse de tout son long à mettre en images les doutes de cette adolescente, qui marche sur une ligne tremblante comme on marche sur une corde au cirque. Camille commencera par jouer le jeu, mais cherchera peu à peu à s’éloigner des propos ridicules, blessants, et pervers du berger de la communauté – déroutant Jean-Pierre Darroussin pour mieux trouver sa propre vérité.
Cette quête de vérité, thème ô combien classique au cinéma, surtout lorsqu’elle intervient à une période charnière comme l’adolescence, passe ici par plusieurs étapes: Camille souffre, elle doit en premier lieu composer avec les problèmes psychologiques de sa mère, en conséquence de quoi elle se retrouve seule, entourée de gens dont la façon de vivre lui est plus qu’étrangère. Le déclic pour elle sera de tomber amoureuse, ce qui lui donnera le courage de se rebeller devant la volonté du chef de communauté, et enfin, prendre en toute bonne conscience la décision de partir.
Ce parcours permet aussi au film de questionner l’incohérence entre l’individu et la communauté, autre thème classique au cinéma.
En harmonie avec son titre Les Éblouis, est un film particulièrement lumineux, en intérieur comme en extérieur. Les couleurs vives, les visages, les regards interrogants, certains moments de bonheur comme la danse des parents à la soirée d’anniversaire de Camille, permettent de mieux faire ressortir les paradoxes qui hantent l’adolescente, son amertume, entre l’envie de vivre sa propre vie et celui de faire plaisir à ses parents.
Le film, en son entier, embrasse deux perspectives ambivalentes, un désir de vivre dans la joie, et la puissance destructrice de pensées extrêmes.
Intéressant sur le plan visuel, traitant d’un sujet fort, Les éblouis nous aura dans l’ensemble plu. Nous regrettons cependant le point de vue parfois manichéen de la cinéaste, le développement de personnages unidimensionnels – notamment le berger – qui guide trop la réflexion du spectateur.