Ursula Meier est une réalisatrice rare et pourtant importante. Ses premières et dernières réalisations de longs-métrages de fiction remontent à Home (2008) et L’enfant d’en haut (2012). Après dix ans d’attente, la réalisatrice nous livre enfin une nouvelle fiction titrée La ligne.
Après avoir agressé violemment sa mère Christina lors d’une dispute, Margaret est arrêtée par la police et condamnée à ne plus s’approcher à moins de 100 mètres de la maison familiale. « Enfermée dehors », Margaret n’aura de cesse de se faire pardonner son acte et cette ligne imaginaire à ne pas franchir cristallisera toutes les tensions de cette famille dysfonctionnelle.
Ursula Meier, cinéaste très remarquée et suivie depuis son premier court-métrage à ses derniers longs s’est donc bien fait attendre… Le titre fait référence à l’interdiction donnée à Margaret (Stéphanie Blanchoud) pendant trois mois de s’approcher à moins de 100 mètres de sa mère Christina (Valeria Bruni Tedeschi). Suite à une décision de justice, la ligne titre forme ainsi un cercle de 100 mètres de diamètre autour de la maison de Christina.
Cette interdiction fait suite à une violente dispute entre Margaret et Christina, objet de la séquence liminaire du film. Pour en amplifier l’intensité et signifier la démarche analytique entreprise, Meier choisit de restituer cette scène au ralenti et de couvrir les cris et invectives par un habillage musical. Cette introduction est tout à la fois marquante, renversante et captivante.
Ne dit-on pas pourtant que la musique adoucit les mœurs ? Cette expression viendra à être contredite dans la famille d’artistes de Margaret, notamment par certains œuvrant précisément dans le monde de la musique.
La réalisatrice, à l’instar de presque toute sa filmographie, notamment Home et L’enfant d’en haut, dresse le portrait d’une famille hautement dysfonctionnelle. Elle s’appuie ici sur Valéria Bruni-Tedeschi, qui partage avec elle, dans la vie et ses réalisations, ce regard sur la complexité des relations familiales.
La mise en scène prodiguée soigne particulièrement les cadres. Nous apprécions la belle utilisation des distances entre la caméra et les personnages filmés, accompagnant à merveille la progression de la dramaturgie. Ainsi, le forme épouse le fond, les heurts entre les protagonistes n’en sont que plus soulignés, et la ligne rouge à ne pas franchir prend littéralement corps.