Année 1429. La Guerre de Cent Ans fait rage. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite.
Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais.
S’ouvre alors son procès à Rouen, mené par Pierre Cauchon qui cherche à lui ôter toute crédibilité.
Fidèle à sa mission et refusant de reconnaître les accusations de sorcellerie diligentées contre elle, Jeanne est condamnée au bûcher pour hérésie.
Jeanne de Bruno Dumont (grand cinéaste s’il en est) est la suite de l’excellent Jeannette, l‘enfance de Jeanne d‘Arc que nous avions alors découvert à la Quinzaine des Réalisateurs. Fréquentant le festival de Cannes et ses festivals annexes on peut constater que Thierry Frémaux a tenté de rattraper le train : Jeanne s’est retrouvé en 2019 à Un Certain Regard (c’est à dire cette fois-ci en sélection officielle). Pourtant, tout en restant un bon film et une oeuvre d’art –Dumont n’a jamais réalisé de navets ou de choses communes-, Je3anne est en deçà de son prédécesseur. Pas de chorégraphie de Découflé, pas de chants à tout bout de champ, ici il s’agit de l’histoire la plus connue de la Sainte, toujours d’après Charles Péguy : ses batailles, son jugement et la fin qu’on connaît.
Alors que dans Jeannette, la Jeanne adolescente partant au combat était incarnée par l’excellente Jeanne Voisin, elle est ici jouée par celle qui la jouait enfant dans ce premier opus, et qui est, du reste encore une enfant, Lise Leplat Prudhomme (petite, mais caractère costaud).
Premiers regrets donc : l’absence de Jeanne Voisin, celle du parti pris musical et chorégraphique aussi. La musique est moins présente et quand elle l’est, c’est du Christophe (soit Dieu avec la voix de Christophe, soit Jeanne avec la voix de Christophe, soit un inquisiteur avec la voix de Christophe).
Certaines scènes sont indigentes -le peu de combattants et de chevaux, et si les images et les chorégraphies chevalines restent belles, cela peut tout de même embarrasser.
D’autres sont par trop longues et austères : le procès et surtout ce qui se trame autour sont le principal intérêt du film. On apprend des choses certes, mais le néophyte y sera très aisément perdu quoi que le sujet soit l’un des plus souvent traités de toute l’histoire du cinéma.
Le parti pris, qui est une signature du réalisateur de prendre des amateurs s’avère également gênant : Gilles de Rais est ainsi incarné par un amateur étrange bien maladroit dans son jeu qui enlève toute la complexité et le potentiel cinématographique de ce personnage historique, quasi Saint qui pactisa, ensuite, avec Satan.
Des caméos sont présents, mais agaçant : Luchini qui fait du Luchini -pourtant dans Ma Loute Dumont avait commis l’exploit de préciser lui ôter ces luchinismes, ce qui était génial. Nous ne mentionnerons pas l’autre caméo qui laisse songeur pour ne pas vous spoiler tout visionnage.
Tout en restant un Dumont, Jeanne est en dessous de Jeannette : l’enfance de Jeanne d’arc dont il n’est pas la logique continuité.