Béatrice et son fils adolescent passent une semaine à emballer le contenu d’une maison de vacances, dans un coin isolé du sud de la France. Le jeune Elliot est confronté à sa sexualité naissante et à l’éloignement grandissant de sa mère. Quant à Béatrice, elle réalise que tout amour a disparu de son mariage et que la vie telle qu’elle l’a connue touche à sa fin. Elliot fait alors la connaissance d’un adolescent mystérieux, Clément, sur les bords du lac du barrage. Clément poussera insensiblement Elliot et Béatrice à affronter leurs désirs et, finalement, à s’affronter l’un l’autre. Departure est une histoire intime qui commence à l’aube du premier jour et finit la nuit du sixième, décrivant la fin d’un été, la fin d’une enfance et la fin d’une famille bourgeoise classique.
A la seule vue des premières images, on comprend que Departure s’inscrit dans la catégorie des films délicats, de ceux qui souhaitent que leur sujet soit ressenti – compris – et non raconté. Les mouvements de caméra tout comme la musique impriment un rythme volontairement ralenti, propice à un temps suspendu, une parenthèse. Il s’agit bien de s’intéresser à un temps charnière, celui du départ, dans son ambivalence – au sens « se lancer » comme au sens « quitter » pour pouvoir observer, permettre la prise de recul, mais aussi la découverte de choses enfouies, en soi ou autour de soi. La sensibilité est questionnée. L’amour est au centre des interrogations, tout comme la révélation. Le mal n’est pas nécessairement où l’on pense qu’il est, les apparences sauvées sont parfois dévastatrices; se mentir à soi même peut déborder bien plus qu’on ne l’imagine. Pourtant ses apparences peuvent aussi être un socle sur lequel on repose, malgré soi, et la disparition de ce socle peut aussi anéantir.
La question n’est ni simple, ni réellement posée en soi, elle est juste au cœur de Departure, et le jeune Elliot y est confronté comme d’autres avant lui. Le film tient la ligne qu’il s’est donné dans ses premières intentions, et gagne en intensité au fur et à mesure que l’on entrevoit que tout ne nous est pas dit, que les choses sont enfouies, rentrées. Outre les chatoyantes couleurs automnales, ingrédient indispensable au lyrisme voulu du récit, Departure jouit d’une interprétation très intéressante, celle du jeune Alex Lawther tout en contraste.
On pourrait reprocher une certaine langueur, voire une hésitation pour clore le film – plusieurs fins s’enchaînent pour conclure sur chacune des thématiques abordées- mais l’impression d’ensemble surnage, et le spectateur de continuer de s’interroger, notamment en faisant le tri entre les scènes oniriques et les scènes réelles, à la frontière, elle aussi, très fragile.
Departure est assurément la note sensible de la compétition du festival du film britannique de Dinard, dans un registre à la fois proche et éloigné de ce que proposait Lilting l’année dernière.
Notre interview d’Andrew Steggall le réalisateur du film:
Notre interview de Phénix Brossard, qui interprète Clément, le jeune homme dont Elliott et Béatrice vont s’éprendre