Atlantique de Mati Diop avec MAME BINETA SANE, MBOW, TRAORE, NICOLE SOUGOU, AMINATA KANE, MARIAMA GASSAMA, COMBA DIENG
Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers du chantier d’une tour futuriste, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur.
Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre.
Quelques jours après le départ des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage de la jeune femme et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier.
Ada est loin de se douter que Souleiman est revenu…
Atlantique eut été un excellent moyen métrage. Il embrasse assurément des thématiques et des aspirations poétiques et politiques ambitieuses, il tente le mariage des contraires. Quelques plans sont particulièrement évocateurs et réussis, la métaphysique quand elle s’invite ou reprend son cours, captive.
Film politique, poétique et artistique, tout à la fois, le spectateur suivra différents personnages, dont une héroïne principale, qui littéralement déambulent dans une histoire qui trouve ses fondements, ses racines, dans une observation des transformations que le capitalisme apporte. Le mystère plane … rêvons-nous ? Quid de notre héroïne ? rêve-t-elle, délire-t-elle, est-elle possédée ?
L’océan non loin, sur lequel le soleil se couche et la lune se reflète, possède probablement des réponses. Ceux qui souhaitent fuir s’y perdent ou s’y illusionnent: ses lumières argentées la nuit tombante parsèment le film. La modernité côtoie la tradition. Les conditions de vie sont rudes pour ceux qui construisent les nouveaux temples du capitalisme, des building tout confort en bord de mer … Les ouvriers rêvent d’ailleurs quand l’argent manque, de l’autre côté de cet océan. Mille dangers les y attendent.
Une histoire d’amour naît pour notre héroïne, elle ne pourra être que brisée … Les hommes ne pensent qu’à fuir, qu’à migrer vaille que vaille.
Les femmes sont laissées seules, les lieux de sortie leur permet de s’unir. Elle tombera fiévreuse, les médecins y verront surtout le sort, les djinns qu’il faut combattre ….
Mati Diop ose un mélange étonnant et parfois y parvient. Son propos est tout aussi politique que celui de Loach, mais sa manière de s’exprimer se veut hors circuit, composite. Certaines scènes brillent, se détachent du récit.
Hélas, il ne s’agit que d’instants. Sur la durée, certains repères manquent dans une première partie qui s’étire sans point d’encrage réel. Nous cherchons le fil conducteur parmi quelques pistes, et à force de le chercher, nous nous égarons. Le mélange ne prend pas, l’art ou la magie du cinéma emprunte parfois à ceux de la mayonnaise, et restent – heureusement – sans recette miracle.
L’intention et le pari étaient assurément là, nous égarer pour mieux faire ressortir les différentes teintes, le contraste chaque jour accentué entre tradition radicale et modernisme destructeur, du conte de fée au récit apocalyptique. On songe bien sûr aux intentions artistiques d’un Bonello, présent dans la salle.
D’ailleurs, ne serait-on pas convié à une grande messe zombique ?- paraîtrait que le thème soit assez central cette année au festival de Cannes, même si nous en avons trouvé un beaucoup plus étonnant et intemporel – le vol de poules.
Qu’il nous eut plu de pleinement nous émerveiller devant une future palme d’or africaine ! Nous ne pouvons que donner des encouragements à Mati Diop dont le style promet mais ne nous est pas encore apparu pleinement maîtrisé, ceci étant dit, nous vous incitons fortement à le découvrir.