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Une fille facile de Rebecca Zlotowski

Une fille facile restera un des films les plus marquants présenté à Cannes -à La Quinzaine des Réalisateurs.

Sofia, 22 ans (Zahia Dehar, oui la fameuse Zahia) vient de perdre sa mère et s’installe chez sa tante et sa jeune cousine Naïma -presque 16 ans. Cette dernière est fascinée par Sofia, qui l’entrainera dans un autre monde, aux confins des possibles.

A l’image de son premier film, Belle Epine, Zlotowski construit son film autour d’une actrice, ou plutôt d’une personne. Pour le premier, c’était Léa Seydoux, ici c’est la « sulfureuse » Zahia Dehar. Si d’aucuns ont comparé le film au Mépris, ou à la Collectionneuse, nous n’irons pas aussi loin. Zahia D. a sans aucun doute un corps hors norme, elle est filmée se baignant nue, ou allongée, nue aussi, sur le dos, elle a un phrasé particulier, elle porte à un moment donné une mini-robe vichy, ça s’arrête là. Quant à La collectionneuse, il y a peut-être un peu de cela : Dombasle blonde, (très joli) corps, observée par une plus jeune qui la voit enchaîner les conquêtes.

La cinéaste voulait nous faire voir ce qu’elle a vu. Selon elle, quand on voit un arc-en-ciel, on a envie de partager ça, de donner à voir l’émerveillement qu’il provoque, c’est pour cela qu’elle a filmé Zahia.

Cette dernière, visage très refait, corps extraterrestre, nous apparaît, et nous l’observons, nous l’écoutons, car elle est unique, attachante, intelligente. Au delà des photos ou même du très bon documentaire de Prigent, Zahia de A. à Z., nous la voyons comme si nous étions face à elle, à lui parler, à la regarder, à échanger et vivre avec elle -nos yeux sont ceux de Naïma. Dehar joue bien un rôle qui n’est pas tout à fait elle ni tout à fait une autre.

Mais le film n’est pas que cela. La lumière est somptueuse, la musique tout autant et les acteurs au top : Benoit Magimel, Clothilde Courau, Loubna Abidar (qui qui tient un rôle sage alors qu’elle a eu le même passé que Zahia, et qu’elle a été aussi lynchée au Maroc pour avoir incarné une prostituée dans Much Loved) mais aussi « Riley » (vu dans Climax de Noé). On regrettera cependant la neutralité du personnage de Naïma, et certaines scènes par trop vulgaires (le physique explicite de Zahia amplifiant leur portée). On aurait voulu connaître plus Sofia, dont on sait que sa protagoniste renferme plus de profondeur et de zones d’ombres, de secrets tristes.

Une fille facile reste un film doux amer, mélancolique, ensoleillé, unique. Il se déroule à Cannes, ville qui même en dehors du festival se font se côtoyer les plus riches et les plus pauvres. Une scène vécue enfant par la cinéaste a inspiré la trame : les pauvres se baladant près des yachts et regardant les riches manger. Certaines frontières peuvent se franchir, parfois. De manière fugace et cruelle.

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