Avec Adieu au langage, Godard fait preuve du talent de provocateur qu’on lui connait, et par provocation, il mériterait la palme d’or. Il propose plus en un film que l’ensemble des autres films en sélection. C’est abscons, hideux et sublime par instants. Il mélange tout ce qui lui passe par la tête en images. Le bon, et le pire. Le pire souvent, mais contrairement à Film Socialisme par exemple, il y a aussi le meilleur, la créativité. On dirait une oeuvre d’un jeune révolutionnaire qui veut tout réinventer. Le défi est de taille. Et il y parvient par instant, il nous montre, le premier, que le cinéma 3D peut être une révolution, comme l’a été la couleur. Il montre que de nouveaux plans sont possibles, qu’un nouveau langage peut naître et que l’on peut dire adieu aux anciens codes. Il propose des perspectives géniales.
On retrouve ses thèmes de prédilection, il parle d’histoire, de philosophie, de littérature, de peinture, de musique, de mort, de sexe, de guerre, de son chien, cite de grands noms comme des inconnus, il mélange le tout sans se poser la question si cela peut se comprendre, d’ailleurs, à quoi bon ?
Adieu Au Langage ne peut que buzzer, barré, hyper créatif, très inégal, alternant le plus laid et le sublime, l’hyper complexité et la grande simplicité. C’est un film pour musée bien plus que pour les spectateurs. On déteste et on adore tout à la fois. Il n’emprunte à personne.