Benoît Délépine, bien connu pour son travail d’auteur pour Les Guignols de l’Info ou Groland, mais aussi pour ses premiers films avec son acolyte Gustave de Kervern –Aaltra, Avida, Louise Michel, Le grand soir, …- écrit ici un film étrange dont il confie la réalisation au jeune réalisateur Arnold de Parscau, pour son premier long métrage.
Ablations nous raconte les mésaventures de Pastor; joué par Denis Menochet – Inglorious Basterds, Le Skylab, Dans la maison,…; marié, deux enfants (dans la moyenne, dirons-nous, quel mal à cela ?) qui se réveille dans un terrain vague au lendemain d’une soirée bien arrosée. Sans souvenirs, il remarque une cicatrice dans le bas du dos. Consultant son ancienne maîtresse – Florence Thomassin – La Princesse de Montpensier, Elisa, …- chirurgienne, il apprend qu’on lui à volé un rein. Choqué puis obsédé par ce vol, Pastor en vient à sacrifier sa famille et son travail afin de retrouver son organe; quitte à se perdre dans les méandres de la folie.
Au casting, en plus de Denis Ménochet et Florence Thomassin, vous retrouverez la toujours très belle Virginie Ledoyen, dans le rôle de Léa, la femme de Pastor, mais encore Philippe Nahon ou Yolande Moreau.
Outre son synopsis, Ablations détonne par sa réalisation; comme je vous le disais en préambule. La caricature n’est jamais très loin, que ce soit les personnages, en eux même, ou les situations qui se mettent en place.
On pense premièrement à cette scène, où Anna, la maîtresse de Pastor, annonce à ce dernier qu’on lui a retiré un rein sans son consentement. Celle-ci prend alors un air détaché, «jemenfoutiste», qui contraste avec la cruauté de la situation. Ensuite , le personnage de Léa, qui venant à douter, à vitesse grand V et de façon paranoïaque de la fidélité de Pastor, ne verse aucunement dans la demi-mesure, allant jusqu’à menacer les collègues de travail de ce dernier. On pense enfin à cette situation où Pastor, à la recherche d’un suspect, se rend dans un quartier sensible: trois minutes suffisent alors pour que de jeunes délinquants tentent de braquer sa voiture.
Ce sont quelques exemples parmi d’autres où l’on se dit que c’est trop exagéré, trop gros.
Tellement gros en effet que s’en dégage une impression de cauchemar que les quelques séquences oniriques à l’esthétisme chiadé (n’ayons pas peur des mots) renforcent de façon certaine.
Attention, nous ne parlons pas ici de cauchemars horribles et/ou « gores », la mort surgissant au pire moment. Non, ici l’angoisse est plus pernicieuse : tout ce que l’on voit ou entend nous met mal à l’aise sans que cela soit effrayant.
Voilà ce qu’est Ablations. Un mauvais rêve où le protagoniste perd tout.
Arnold de Parscau et Benoît Delépine nous livre ici une comédie noire intéressante, à l’humour parfois proche de celui des Monthy Python, desservi par de très bon comédiens.
Si au premier abord, Ablations peut sembler inconstant, nous nous interrogeons. Est-ce un un défaut ou une qualité ? Une erreur de jeunesse ou une intention d’auteur ?
Quoi qu’il en soit, c’est un film à découvrir; du moins pour se forger sa propre opinion, si ce n’est pour suivre les débuts d’un réalisateur riche d’idées et de propositions.
http://www.youtube.com/playlist?list=PLI2usfrzbcmfWOiEHgelKbz82x6h3Dj97