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Climax : Si prévisible Noé

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Si Gaspard Noé souhaitait vraiment surprendre ses spectateurs, il prendrait d’autres chemins que ses systématismes : drogues (dures), sexe (cru, trash), et actes insoutenables, parsemés d’un petit message pas si étonnemment réac (l’avortement c’est mal, vu dans Love et qu’on revoit donc dans Climax).

Le film a été tourné en 15 jours et a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs devant un public déjà acquis, très tendance et très people (Kim Chapiron, Céline Sciama, Rebecca Zlotovski, Nahuel Pérez Biscayart… on en oublie sûrement).

Sur la forme tout est parfait et impressionnant : des plans épileptiques et sublimes, une photo à rendre fou un astigmate, un générique de fou qui vous cueille. Noé a toujours été et restera un très très brillant formaliste. En dépit des années qui défilent, il n’a pas changé sur le fond, un fond hélas très simple sinon vacant et gratuit. Il n’y a pas de sens aux horreurs et aux scènes explicites qu’il montre et fait subir à ses protagonistes, sinon l’ambition de faire trembler le bourgeois (et le prolo) et ricaner ceux qui trouvent fun l’ultraviolence et l’explicite -même sur une femme enceinte, même sur un enfant.

On peut -on est- un peu énervé de ce gâchis et d’être pris en otage de la sorte. D’autant que le film commençait sous les meilleurs augures, enfin différents du reste de l’oeuvre de l’homme à la moustache. Climax s’ouvre sur un générique qui est une performance en soi, puis sur des castings de danseurs hilarants avant d’enchaîner sur une scène de dance qui aurait impressionné même feu Michael Jakcson (on notera la présence de Sofia Boutella, entourée d’artistes tous plus différents les uns que les autres, de vraies personnalités uniques et qu’on ne voit pas au cinéma). Des danseurs qui, dans la vraie vie, possèdent un talent extrême, en plus d’une personnalité marquée. Ils sont tous diversifiés dans leur pratique de la danse (différentes écoles et disciplines) et dans leur tempérament de stars nées.

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Quand ces figures parfaites s’allient à la caméra du meilleur formaliste, dans un début de film drôle, léger quoiqu’un peu relou dans ses blagues et l’obsession pour le sexe et -déjà- la drogue, on se décourage quand quand tout vire au trash, à l’ignoble, comme d’habitude, le tout avec une fin qui révèle juste le pourquoi de cette horreur, sans sens, sans logique, pour la mocheté du geste.

Nous reste la beauté, la virtuosité plastique et la pertinence d’avoir filmé ces belles personnes, dont l’art, si ciné-génique, est poussé à son climax. Reste un film moins bon que d’ordinaire, car vide et vite expédié, d’un cinéaste dont le meilleur, on l’espère, reste à venir, quand il dépassera ses obsessions et ses procédés par trop répétitifs et vains.

Le show semi improvisé des danseurs acteurs à l’issue de la projection nous a quelque peu consolés :

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