Le festival Télérama permet tous les ans de récupérer nos manques cinéphiliques de l’année, et de revoir certains des films les plus appréciés par la critique pendant l’année écoulée, dont certains figurent dans notre top.
Le festival se tient cette année du 21 au 27 Janvier 2015.
où ? Dans toute la France, 251 salles Art et Essai participent au Festival cinéma Télérama : à Paris (21), en banlieue (34), en province (196).
Quoi ? Voir ou revoir les 16 meilleurs films de 2014, dont un film pour enfant « coup de cœur », sélectionnés par la rédaction de Télérama.
Combien ? Seulement 3,50 € la place sur présentation d’un pass (valable pour 2 personnes) à découper dans Télérama des 14 et 21 janvier 2015. Retrouvez toute les séances sur le site de Télérama consacré au Festival.
Retrouvez nos critiques en suivant les liens ! !
Winter Sleep
réalisé par Nuri Bilge Ceylan
Un gamin aux yeux sombres jette une pierre sur la vitre de sa voiture et Aydin se demande pourquoi. Oui, bon, d’accord : quelque temps auparavant, il avait fait saisir par un huissier les maigres biens du père de l’enfant, pour cause de loyers trop longtemps impayés. Mais quoi, il avait, pour lui, le droit et la loi. Devait-il, sous prétexte qu’il était riche, se faire plumer par un provocateur alcoolo, tout juste sorti de prison ?…
Mommy
réalisé par Xavier Dolan
Avec « Mommy », Xavier Dolan, 25 ans et déjà cinq films, franchit un cap, passe plusieurs vitesses à la fois. Il s’envole. Il n’a même plus besoin d’un sujet choc (le changement de sexe de Melvil Poupaud dans « Laurence Anyways ») ni d’emprunter au cinéma de genre (le thriller hitchcockien dans « Tom à la ferme »). Pour maintenir la tension pendant plus de deux heures, il lui suffit, cette fois, de faire exister intensément ses trois cabossés magnifiques et d’orchestrer une savante alternance d’accélérations et d’accalmies…
Saint Laurent
réalisé par Bertrand Bonello
Après le film de Jalil Lespert, qui racontait d’abord une histoire, celui de Bertrand Bonello joue et jongle, voire fantasme, avec les faits biographiques. Comme s’il s’agissait d’exhumer un monde évanoui. Autant dire, de retrouver un temps perdu. YSL à la lumière de Marcel Proust, voilà la grande idée… Dès la première scène, « Saint Laurent » s’installe incognito dans une chambre de palace réservée par lui au nom de M. Swann…
Ida
réalisé par Pawel Pawlikowski
« En somme, tu es une nonne juive »… Anna regarde, interloquée, cette parente inconnue que la supérieure de son couvent lui a demandé de rencontrer avant de prononcer ses vœux. Elle est pure comme une héroïne de Robert Bresson, la petite Anna, ses yeux semblent rappeler à chacun une innocence perdue. Quand elle sourit, trois fossettes se forment au coin de sa bouche…
The Grand Budapest Hotel
réalisé par Wes Anderson
Zubrowka… Est-ce en pensant à une célèbre marque de vodka que Wes Anderson a choisi ce nom de pays imaginaire ? Il y a une quête d’ivresse dans son cinéma ultra stylisé, délesté du présent et du réel. Il se grise de vignettes rétro, de tableaux vintage, mais aussi, de plus en plus, d’histoires capiteuses. Son début suggère un enivrement programmé, par paliers successifs vers le passé le plus romanesque…
Only Lovers Left Alive
réalisé par Jim Jarmusch
Parmi les cinéastes américains devenus des icônes vivantes, Jim Jarmusch est aujourd’hui l’anti-Martin Scorsese. Tandis que Marty s’acharne à nier le temps qui passe, Jim affiche sa mélancolie et sa nostalgie. Il met de plus en plus en scène sa distance au monde. Cette posture semblait le conduire lentement à l’impasse dans son film précédent, trop désincarné, « The Limits of control ». Au contraire, il retrouve avec celui-ci un élan, une espièglerie et une sensibilité inespérés. La solution tient, il fallait y penser, aux vampires…
Bande de filles
réalisé par Céline Sciamma
Des filles courent sur un terrain de sport. Casques de protection et genouillères, elles disputent un match de football américain sur fond de musique électro-pop. Pendant près de deux heures, Céline Sciamma suit le parcours d’adolescentes noires des quartiers sensibles. Si « Bande de filles » est si réussi, c’est qu’il transcende un sujet a priori social, voire sociologisant…
Léviathan
réalisé par Andrei Zvyagintsev
Ils se font face, comme deux tueurs de western. Kolia, l’exproprié, et le maire expropriateur. Mais leur duel est grotesque : ils sont ivres tous les deux, gorgés de vodka. Ils basculent, ils chancellent, ils titubent tout en s’insultant à qui mieux mieux. Ce n’est pas à qui tuera le premier, mais à qui s’écroulera le dernier. Andreï Zviaguintsev filme son pays, la Russie, comme exsangue, l’alcool ayant remplacé le sang dans les veines de ses compatriotes…
Dans la cour
réalisé par Pierre Salvadori
De toutes les comédies de Pierre Salvadori, « Dans la cour » est la plus étrange, la plus risquée. Cet admirateur de Lubitsch a l’habitude d’inscrire ses héros dans des scénarios solidement construits. Il semble, cette fois, les suivre, dans des virages non contrôlés, des errances qui tournent à la dérive, et jusqu’au bord de gouffres d’une profondeur insoupçonnée…
Eastern Boys
réalisé par Robin Campillo
Une drague, gare du Nord : Daniel, un homme plus tout jeune, soudain ébloui par le visage d’un adolescent, lui fixe rendez-vous, chez lui, le lendemain… Ainsi commence ce film original, ambitieux, constamment sur le fil de l’inattendu et de l’ambiguïté. Rien n’y est prévisible, tout semble s’y dérober sans cesse. Se métamorphoser. A commencer par la sexualité, presque crue, d’abord, entre les deux hommes, qui se mue peu à peu en affection…
Eden
réalisé par Mia Hansen-Love
Histoire d’une réussite éphémère, illusoire, voire d’un échec : avec « Eden », le film biographique présente une variante rare, qui mérite l’attention. A peine arrivé dans la lumière, son héros retombe dans l’ombre, malgré sa passion, sa persévérance et son charme. Il y a bien, dans le récit, une ascension, mais c’est celle des Daft Punk, qu’on croise de loin en loin, toujours plus prospères et inspirés…
Une nouvelle amie
réalisé par François Ozon
Une porte interdite. Comme dans un conte. Claire (Anaïs Demoustier) se glisse, pourtant, à l’intérieur de la belle demeure qui semble vide. Comme enchantée. Elle devrait savoir, l’imprudente, que de lourds secrets se cachent, souvent, derrière les portes closes, au risque de vous sauter au visage…
Under the Skin
réalisé par Jonathan Glazer
« Je fais un genre humain », chantait Brigitte Fontaine. L’extraterrestre que met en scène le film pourrait en dire autant. Il ou elle phagocyte le corps d’une fille, s’installe dans sa peau (« under the skin ») et singe une attitude normale. Sous l’apparence de la jeune femme, il ou elle séduit à la chaîne des hommes, proies destinées à devenir à leur tour des camouflages organiques pour d’autres aliens…
Hippocrate
réalisé par Thomas Lilti
Les succès d’audience à la télé de « Dr House » et de « Grey’s Anatomy » l’ont prouvé : les Français, s’ils ont une peur bleue de l’hôpital, adorent les séries médicales américaines. A ces fictions spectaculaires et glamour, très éloignées de la réalité, « Hippocrate» propose un contrepoint séduisant dans un registre très français : le récit initiatique sur fond de chronique sociale…
Au bord du monde
réalisé par Claus Drexel
On n’avait plus vu Paris aussi étincelant depuis Stanley Donen et ses films avec Audrey Hepburn. Eclairés par un chef opérateur magique, Sylvain Leser, les monuments semblent émerger, la nuit, tels des mirages. Dans cette ville fantôme, les voitures, rares, semblent glisser pour fuir ailleurs. Et laisser la place à ceux qui n’ont pas où aller…
Le Garçon et le Monde (coup de cœur « Jeune public »)
réalisé par Alê Abreu
Petit miracle : ce film d’animation venu du Brésil est un pur moment de grâce, de temps suspendu. Un bonheur total. L’histoire n’a rien de neuf, pourtant : un petit garçon quitte son village à la recherche de son père et découvre un monde fantastique et mécanique, où la beauté et la musique ont bien du mal à résister au monstre qu’est le « progrès »…
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