Un film de Paulo Carneiro et Alex Piperno
avec Aida Fernandes, Maria Loureiro, Elisabete Pires, Daniel Loureiro, Inês Mó, Rita Mó, Nelson Gomes, Carlos Libo, Paulo Sanches
Il était une fois la révolution dans un village au nord du Portugal, Covas do Barroso. Un documentaire hybride où, entre chansons et imagerie du western, les habitants mettent en scène leur propre lutte – toujours actuelle – contre le projet industriel qui menace leurs terres. La firme britannique Savannah Resources espère y aménager et exploiter ce qui deviendrait la plus grande mine à ciel ouvert de lithium en Europe.
Notre avis : **
A savana e a montanha de Paulo Carneiro montre la lutte des villageois de Covas do Barroso au Portugal et l’organisation d’une résistance locale contre une grande entreprise internationale sur plusieurs années et plusieurs saisons. Le projet industriel de grande envergure d’extraction de lithium de la firme Savannah est en effet voué à détruire la nature environnant le village.
Aussi, avec une conscience politique et éthique hors du commun, les habitants se mobilisent depuis dix ans et aujourd’hui encore, pour lutter à tous les niveaux possibles et de toutes les façons imaginables contre la toute puissance de ce trust international et conserver le mode de vie et les savoirs-faire locaux.
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film prend la forme d’une courageuse et âpre reconstitution documentaire mettant en scène les habitants dans leur propre lutte et dans leur propre rôle. La mise en scène est donc inhabituelle car collective, écologique et démocratique : a-narrative, elle est un manuel à l’usage des résistants futurs, montrant en suivant les saisons, traditions, cultures et savoir-faire locaux menacés sans véritablement s’arrêter sur des portraits. Le film documente également chronologiquement, les actions, les décisions, les révoltes, l’organisation de la résistance collective.
Il faut noter que A savana e a montanha exprime le projet écologique et collectiviste des habitants face à leur avenir menacé en chansons qui sont interprétées dans le film comme après la projection. Est pérennisé ainsi un mode de communication révolutionnaire non-violent dans la continuité des mouvements résistants d’extrême gauche.
Ainsi, tout en utilisant l’imagerie du Western et l’hybridité de la fiction documentaire dans des registres épique et didactique, A savana e a montanha démontre l’efficience du combat, âpre et essentiel, pour réaliser une utopie sans pour autant parvenir à complètement réussir l’exercice formel.