Une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Inquiète et profondément désemparée elle décide de lui rendre visite. Ainsi commence l’histoire d’un voyage, l’histoire d’une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.
Non il n’y a rien de commun entre la femme douce de Bresson et celle-ci. Étonnamment, ce film, qu’on aurait personnellement bien vu au palmarès cannois, a reçu un accueil plutôt mitigé de la part de la presse.
Une femme douce ce sont des plans magnifiques, une forme d’austérité, un humour typiquement russe (on voyait les journalistes russes être pliés de rire pendant l’avant-première cannoise alors que nous ne comprenions rien, ou plutôt nous ne voyions pas en quoi cela pouvait être si drôle). Le film est porté par un sosie grandeur nature de Reese Witherspoon, l’actrice Vasilina Makovtseva, revêche, mutique. Ce qu’elle endure et le sort qui lui sera réservé a sans doute hérissé la jurée Jessica Chastain, qui, à l’issue du festival, s’est plaint à raison de la représentation de la femme dans les films en compétition.
Le tour de force d’Une femme douce est de nous mener vers une issue que l’on ne soupçonnait pas : une scène mi onirique, mi cauchemardesque, où le film change radicalement de style, quelque part entre Fellini et Pasolini. Ce qui s’en suit est encore un autre type de cinéma, lorgnant du côté de Gaspard Noé, en plus profond, en moins gratuit. La fin, trop ouverte, suite à une scène vraiment choc, est peut-être ce qui a irrité les journalistes. Il n’en demeure pas moins qu‘Une femme douce et l’un des meilleurs film de l’année, que nous vous recommandons chaudement.