Johan Bergman, petit Suédois de 6 ans, a une sacrée frappe et un redoutable sens du dribble. Repéré par Mackan, buteur star, ce petit prodige du foot lui vole la vedette. Propulsé directement chez les pros, il vient même au secours de l’équipe nationale suédoise pour l’aider à se qualifier pour la Coupe du monde 1974. Mais il a de plus en plus de mal à concilier vie d’enfant et exigences du métier de footballeur professionnel…
Bo Widerberg est un cinéaste particulier dans l’histoire du cinéma suédois. Né dans une famille modeste, journaliste et écrivain depuis très jeune, fasciné par la Nouvelle Vague française et le cinéma de John Cassavetes, il s’est nommé le pionnier d’un mouvement anti-Bergman pendant les années 1960 et 1970. Son cinéma propose une alternative dynamique, libre, et inspirée de la réalité sociale au style rigide et préoccupé par les questions théologiques d’Ingmar Bergman (pour lui, les films de Bergman ne concernent que les bourgeois).
Depuis son premier long-métrage Le péché suédois (présenté à Cannes en 1963) et son troisième film reconnu internationalement et récompensé par le prix Fipresci, Amour 65 (un film fortement inspiré de Godard), jusqu’à sa dernière œuvre à ce jour, La beauté des choses, qui a gagné l’Ours d’argent à la Berlinale en 1995, Bo Widerberg a expérimenté différents registres, univers, et styles cinématographiques.
Avec Tom foot (Fimpen en titre original) il tente de signer une comédie ironique et fantaisiste, qui touche le spectateur adulte autant qu’il amuse le jeune public. Au-delà d’être une fable, plus au moins surréaliste, qui se passe dans le monde spectaculaire du foot professionnel, le film traite un sujet social intéressant qui donne à réfléchir: la condition des enfants qui travaillent, la difficulté pour eux de jouer le rôle d’un adulte et de s’intégrer dans un monde qui les dépasse. Ayant quitté le collège pour travailler lui-même(avant de devenir critique de cinéma), nous pouvons imaginer que Widerberg parle ici de son expérience vécue…
Le fait que des scènes de matchs sont filmées lors de vrais tournois et en collaboration avec de vrais joueurs de foot suédois, rajoute beaucoup à la crédibilité du film. Widerberg, d’ailleurs, profite bien de l’ambiance enthousiasmante des stades pour tenir le rythme de son récit. Le jeune acteur principal crève l’écran avec son talent – il joue très bien au foot! Les couleurs vives et brillantes (jaune, rouge) qui dominent les cadres ainsi que les habits nostalgiques des années 1970 sont agréables à regarder. Enfin, la date de sortie en salle de Tom foot, dans une version restaurée, est idéale… Malavida, a eu le nez fin en la faisant coïncider avec l’Euro 2020…