Le pitch : sabelle, divorcée, un enfant, cherche un amour. Enfin un vrai amour.
Un beau soleil intérieur est indéniablement un des chefs-d’œuvres de cette année 2017. Découvert à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce nouveau film de Claire Denis a la qualité d’être jubilatoire et drôle. On ne sait s’il l’est volontairement : le texte de Christine Angot pouvait laisser présager bien des défauts, mais les prises de tête, les bavardages de ses personnages germanopratins au sujet de relations amoureuses atteignent de tels sommets que l’on ne peut qu’en rire. Qui d’autres que des gens ultra friqués, sans trop d’occupations ni de soucis, pour n’avoir que ça à faire, se poser des questions sur l’amour, la signification de tel mot proféré par telle personne ? Des collégiens, des lycéens et notre héroïne, très jolie peintre à succès qui vole d’une relation à l’autre, du jeune acteur torturé au paysan « de province », sans que jamais rien ne soit réellement concluant.
Des passages entiers, à la virgule près, sont tirés du Marché des amants, le fameux roman autobiographique de Christine Angot au sujet de sa relation avec Doc Gyneco. Mais Doc Gyneco est ici campé par un homme de la campagne qui n’est pas du même milieu ni de la même classe sociale que l’héroïne, ce qui ne manque pas de choquer l’entourage décourageant et jaloux de celle-ci. Autre passage exactement restitué, tout en étant transfiguré : la visite d’Isabelle (Juliette Binoche) à un voyant (Gérard Depardieu), passage d’anthologie où se font face deux immenses acteurs au maximum de leur potentiel, Gérard comme à la grande époque, s’investissant vraiment, comme on a pu le voir dans Tour de France et les grands films d’avant.
Denis, qu’elle filme des histoires glauques ou des comédies presque romantiques, ne manque jamais de magnifier physiquement ses interprètes qui sont au sommet de leur beauté et de leur charisme -jamais vous ne verrez Nicolas Duvauchelle plus sublime- grâce à la magnifique photographie d’Agnès Godard.
Le casting est fabuleux : Juliette Binoche, bien entendu, à qui l’on donne un rôle à sa mesure où elle peut étaler généreusement tout son art, mais aussi tout les papillons qui volettent autour de cette jolie fleur : Nicolas Duvauchelle, Phlippe Katerine, Xavier Beauvois, Alex Descas, Paul Blain, Bruno Podalydès, Laurent Grévill... et le grand Gérard en guest-star (participation qui ne manque pas de sel quand on se souvient des propos de l’acteur au sujet du supposé peu de talent de Binoche). Balasko et Bruni-Tesdeschi sont joliment inattendues.
Le film est aussi une affirmation (qui est peut-être une évidence pour l’écrivaine Angot) : celle d’une cinquantenaire pour qui il va de soi que tout le monde l’aime, qu’elle plaise à ce point, toutes cuissardes et minijupes dehors, au maximum de sa séduction sans question de « couguar » ou d’histoires glauques. Dans une France où se s’offusque qu’un politique soit avec une femme plus âgée que lui alors que l’inverse est monnaie courante qui ne choque personne, c’est un point positif en plus de ce film hors du commun qu’il vous faut absolument voir.
https://www.youtube.com/edit?o=U&video_id=WQE7MWWCKLw
https://www.youtube.com/edit?o=U&video_id=JgNiWjVNI9c
https://www.youtube.com/edit?o=U&video_id=znLFqY-2ezw
https://www.youtube.com/edit?o=U&video_id=oElN6YDk1E4