Sur le papier, on pouvait s’attendre au pire. Que Gary Ross, réalisateur du très laid Hunger Games, décide de s’attaquer à l’élégante franchise Ocean’s pour remplacer tous les personnages par des nouveaux (féminins cette fois-ci) ne laissait présager rien de bon.
On pouvait aussi s’interroger sur la pertinence du titre. A qui Ocean allait-il bien pouvoir référer si le personnage de George Clooney n’était plus de la partie ? La pirouette scénaristique est simple, mais efficace: Debbie Ocean (Sandra Bullock), soeur de Daniel, est la nouvelle protagoniste. A peine sortie de prison, et en hommage à son frère décédé – choix surprenant et audacieux des scénaristes, qui au moins tuent dans l’oeuf l’idée d’un potentiel futur crossover -, elle décide de retrouver son ancienne partenaire de magouilles (Cate Blanchett) pour monter une équipe… Et effectuer le vol ambitieux d’un bijou Cartier lors d’un prestigieux défilé de mode.
Ocean’s 8 ne fait pas forcément dans l’originalité… Car tous les éléments du film sont empruntés aux premiers opus ou aux classiques du genre: intrigue balisée (plan, exécution, twist), musique 70’s, montage rythmé, personnages incarnant le « cool ». Certains passages – le début, les doutes de Cate Blanchett quand elle s’aperçoit que Sandra Bullock mélange une affaire personnelle au casse..- ) sont tout simplement des copier/coller de scènes déjà vues. Dommage. Mais étonnamment, le charme opère et le film est plaisant (bien plus qu’Ocean’s 13 pourtant réalisé par Soderbergh).
Les craintes sur le pourquoi du film sont finalement dissipées. Le film s’affranchit rapidement du fan service en proposant un vrai univers: la mode, ses faux-semblants, ses stars et leurs dérives (on notera l’ironie du caméo de la fratrie Kardashian). Et le soin incroyable apporté au défilé où le vol s’effectue est notable. La mise en scène s’autorise même quelques audaces.
Comme pour sa version masculine, le casting 5 étoiles (Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Rihanna, Helena Bonham Carter…) fonctionne très bien. Dommage que le mimétisme avec leurs alter égos masculins soit souvent trop flagrant (Les efforts de Rihanna pour « incarner » Don Cheadle deviennent presque gênants). La vraie surprise vient d’Anne Hathaway, qui livre une performance hilarante et inattendue en starlette de l’industrie de la mode.
Quelques personnages de la saga originale font leur apparition, mais il s’agit de seconds couteaux et c’est dommage. On pourra notamment regretter l’absence de Julia Roberts, qui aurait pourtant fait le lien parfait entre les autres épisodes et celui-ci (mais on imagine que le projet ait pu l’effrayer).
Malgré tout, il est difficile de bouder son plaisir. Ocean’s 8 s’installe sans honte aux côtés des autres episodes. On rempilerait presque pour un Ocean’s 9.