Dans quelques jours ce sera Halloween, festivités qui pour beaucoup de cinéphiles riment avec soirée passée devant le petit écran en plus ou moins bonne compagnie. Car comme chaque année, le choix du programme risque d’être compliqué. À côté des classiques du genre, souvent vus à satiété, difficile de trouver un bon métrage à se mettre sous la canine. Au Mag cinéma, on a décidé de vous aider à travers une sélection de trois films récents mettant en scène nos amis les zombies. Manière comme une autre de rendre hommage au grand George A. Romero disparu cet été. Mais au-delà de cette seule filiation, les œuvres composant notre corpus ont en commun le désir de battre en brèche les apparences. Vous les aviez sûrement déjà vu passer devant votre nez (au cinéma ou sur une plateforme VOD) et vous aviez décidé de battre en retraite. Vous aviez tort : en voici la preuve par trois.
Orgueil et préjugés et zombies
Ne vous fiez pas à l’apparence parodique du titre de Orgueil, préjugés et zombies (2016). Oui, le film de Burr Steers se présente bien comme une adaptation du célèbre roman de Jane Austen, à la sauce mort-vivant. Seulement voilà, la grande force de ce film est de ne rien céder au second degré pour considérer avec le plus grand sérieux l’origine de son hybridation insolite. En associant au caractère épique du film historique les traits du cinéma de genre, Burr Steers réussit son pari et emporte le public avec lui. Aux séquences de combat réalisées de main de maître répondent la crédibilité des moments plus intimes propres à la tragédie amoureuse de Austen. Nul contre-point ici mais un mélange plein de nuances qui rappelle les sources obscures du sublime romantique.
Le scénario de David O. Russell et Burr Steers profite par ailleurs de l’argument du roman pour faire de la figure zombiesque un sujet morale et politique visant les fondements de la société aristocratique. Métaphore de notre prétendue condition d’homme civilisé, le mort-vivant incarne un discours implicite mais sensible que Romero lui-même n’aurait certainement pas désavoué.
Amityville : The Awakening
Il y a d’abord eu Amityville (Stuart Rosenberg, 1979), film de maison hantée plutôt réussi annonçant sur de nombreux points la manière du Shining de Kubrick et comprenant dans son générique Rod Steiger qui bien que relégué à un rôle secondaire, restait particulièrement convaincant. Il y eut ensuite Amityville 2 (Damiano Damiani, 1982), suite sous forme de prequel assez peu efficace mais qui parvint néanmoins à profiter du succès de son prédécesseur. Suivront de nombreuses suites jusqu’à Amityville le remake (2005) qui à l’instar de Carry, la vengeance (2013) et du dernier Evil Dead (2013), accusait d’un manque d’inspiration franchement dispensable. L’annonce d’un nouveau Amityville sembler donc augurer le pire. Et pourtant…
La principale qualité de cette nouvelle mouture est de se détacher plus ou moins délibérément de son modèle d’origine. Si la bâtisse répond bien présente, l’horreur, elle, se situe ailleurs. C’est à travers la figure décharnée du frère paralysé que celle-ci prend corps, au sens littéral du terme. Hantant la maison et la conscience meurtrie de sa sœur, ce mort-vivant malgré lui renvoie à un indicible que la vision ne saurait tolérer. Alors bien sûr, le récit peine quelque fois, notamment dans sa recherche de conciliation entre la thématique de la maladie et celle des forces obscures propre à la franchise. Le film parvient quand même à sauver les apparences à travers son final mettant en scène le terrible trauma d’une mise à mort retardée mais néanmoins inéluctable qui pourra rappeler le génial et terrifiant Mort-vivant (1974) de Bob Clarke.
Bon appétit Maman
On termine notre sélection sur une note plus légère. Pour beaucoup rires et zombies, c’est avant tout Shawn of The Dead (Edgar Wright, 2005). Ce serait un peu vite oublier certains précurseurs dont cet excellent Bon appétit Maman (Jonathan Wacks, 1993). Narrant le retour à la vie d’une mère tendrement aimé par son trentenaire de fils, le film parvient à susciter l’hilarité tout en maintenant un sérieux de surface. Portée par un Steve Buscemi dont les yeux globuleux et l’air hagard expriment excellemment les tensions enfouies et l’angoisse insupportable d’une solitude imposée, la comédie s’oriente ponctuellement vers le nonsense surréaliste tout en maintenant un rythme soutenu particulièrement bienvenu à l’ère de la frénésie éparse propre à la comédie américaine contemporaine. On retiendra en outre la présence de quelques scènes d’anthologie, ainsi que le développement d’un intéressant discours sur l’acceptation du deuil.
Avant de clore définitivement cet article, quelques boni et conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient pousser plus loin leur soirée d’Halloween. Sur vos plateforme VOD, vous risquez d’être interpellés par la présence d’un nouveau Gremlin. Méfiance, la présence de ce titre est due à la sournoiserie des distributeurs français qui ont habilement remplacé The Box, le titre d’origine, par un nom plus séduisant. Le film de Ryan Bellgardt n’a rien en commun avec le célèbre diptyque de Joe Dante, et souffre grandement de l’interprétation de ses acteurs. À éviter donc. À l’inverse, Leatherface : Le Massacre (Alexandre Bustillo et Julien Maury) tient plutôt bien ses promesses. Revenant sur les origines du terrible tueur de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), le métrage substitue joliment à la figure solaire du film d’origine une évocation lunaire assez impressionnante combinée à de nombreuses séquences gore qui devraient susciter votre enthousiasme.
Du côté des livres, on conseille à nos lecteurs de se reporter au récent Les zombies au cinéma de Ozzy Iguanzo publié aux éditions Hoëbeke qui profite d’une réflexion poussée ainsi que d’une riche iconographie ; rappelons par ailleurs l’existence du très complet George A. Romero. Révolutions, zombies et chevalerie de Julien Sévéon qui a bénéficié cette année d’une réédition chez Popcorn Éditions.
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