Le presque sexagénaire (57 ans) Gaspar Noé a (enfin) grandi. Il décide de s’attaquer à un sujet sérieux, adulte, dans une intrigue qui rappelle très fortement celle d’Amour de Michael Haneke. On pouvait fortement supposer qu’il ait choisi cette thématique face aux problèmes rencontrés par ses parents, en âge d’être les protagonistes du film. Et c’est effectivement le cas, la maladie d’Alzheimer est un thème très personnel pour le cinéaste. « J’ai vu ma mère perdre sa tête, alors que c’était la plus intello des intellos de Buenos Aires (Argentine)« .
De ce fait, le trio drogue, sexe et violence caractéristique du réalisateur est-il présent dans Vortex ? La drogue (dure) oui. Le sexe non (à noter l’une des modifications de scénario exigée par le latin Dario Argento ait qu’il ait une maîtresse, mais tout cela reste bien chaste et anecdotique). La violence ? Non celle à laquelle Noé nous a habituée, graphique, choquante et radicale, mais celle de la fin de vie, que cela soit un esprit qui se délite aux proies avec Alzheimer ou d’un corps qui perd ses moyens.
Pour ses acteurs, Noé choisit des icônes, des gens qui véhiculent en eux-mêmes un univers : Françoise Lebrun, l’inoubliable Veronica de La maman et la putain de Jean Eustache, Dario Argento, le maître du Giallo et des opéra d’horreur italiens, qui s’avère être aussi un acteur émouvant et convainquant. Plus étonnamment, pour incarner leur fils, Alex Lutz, crédible en enfant dépassé et ancien drogué.
Alors ?
Alors visuellement, techniquement c’est somptueux, audacieux, du générique de début à celui de fin (comme chez Godard les génériques de Noé sont des œuvres à part entières).
Noé choisit le split screen continu qu’il avait déjà expérimenté dans Lux Aterna.
Il est des scènes marquantes comme celle du dernier râle, une donnée médicale bien précise, ou le choix déchirant de l’un des personnages, ainsi qu’une utilisation bien précise du sur exploité thème de Camille du Mépris de JLG.
Cependant, bien que l’on puisse être forcément ému par moments, on ne peut que constater que c’est beau, comme toujours, formellement impeccable, aussi sophistiqué dans la forme que simpliste dans le fond, intellectuellement un peu vide, et trop long pour l’histoire simple et triste que le réalisateur entendait servir.