Sarajevo, novembre 92, sept mois après le début du siège. Le reporter de guerre Paul Marchand nous plonge dans les entrailles d’un conflit fratricide, sous le regard impassible de la communauté internationale. Entre son objectivité journalistique, le sentiment d’impuissance et un certain sens du devoir face à l’horreur, il devra prendre parti.
Guillaume de Fontenay choisit, pour son premier long métrage Sympathie pour le diable, de mettre en avant un reporter de guerre français, Paul Marchand, dans un contexte très particulier: la guerre en Yougoslavie, un événement qui date de plus de 25 ans déjà et qui a rarement été mis à l’écran. Il risque en ceci de ne pas attirer toute une génération de spectateurs peu friands d’Histoire, qui ne s’intéressent pas à ce drame humain, ou l’ont totalement oublié.
Le film nous propose l’image choquante mais réelle d’une guerre violente, tout en dressant le portrait d’un homme qui s’accomplit à travers cette épreuve. Le contexte s’avère aussi fort que le personnage principal: il s’en dégage une énergie fascinante, même pour celui qui ne connaîtrait pas parfaitement les différents détails historiques.
Sans aucune explication ni introduction, dès la première séquence, le film nous amène sur le champ de bataille. Grâce au rythme rapide et troublant, évoquant celui des reportages de guerre à la télévision, et à une esthétique visuelle qui vise le réalisme, nous nous trouvons aux cotés de Paul Marchand [Niels Schneider, étincelant], au milieu de cadavres. Malgré la dimension tragique, le film ne verse que rarement dans le sentimentalisme et préfère garder une certaine froideur. Cette distance nous aide à rester impassible face aux événements et à pouvoir accompagner Paul dans ses doutes et ses réflexions sur la nature de son métier.
Sympathie pour le diable questionne le métier de journaliste, sa fonction et ses limites de responsabilité. Paul vit une crise existentielle en se demandant s’il pourra être utile, s’il sera capable d’aider, de faire quelque chose pour empêcher les meurtres et changer la situation des civils innocents. Face au choix entre profiter du malheur des autres pour se rendre célèbre, prendre une position politique, agir, ou tout lâcher et partir avec sa belle amoureuse, Paul a un problème de conscience.
Le jeu de Niels Schneider paraît différent de ses précédents rôles. Il exprime le mal être et l’angoisse de Paul avec une masculinité fragile mais déterminée. La qualité de son interprétation nous permet d’approcher au plus près du personnage, ce qui maintient l’équilibre entre le documentaire de guerre et la fiction héroïque.