Abel et Marianne découvrent que leur fils Joseph, 13 ans, a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Ils comprennent rapidement que Joseph n’est pas le seul, ils sont des centaines d’enfants à travers le monde associés pour financer un mystérieux projet. Ils se sont donné pour mission de sauver la planète.
Présenté à Cannes hors compétition cette année, le troisième long-métrage de Louis Garrel nous a marqué; non seulement pour son sujet d’actualité qui donne à réfléchir, mais aussi pour sa simplicité, sa tonalité ironique, et son regard original qui privilégie la légèreté, malgré un sujet politique social complexe.
Le scénario, co-signé Louis Garrel et Jean-Claude Carrière, développe une fable qui commence à l’échelle familiale avec seulement 3 personnages puis interroge une problématique mondiale (le changement climatique et notamment le manque d’eau en Afrique). Le minimalisme du film (qui semble être réalisé avec un petit budget) et la simplicité du récit dissimulent le charme de ce scénario bien écrit, bien rythmé, sans prétention, surprenant, et surtout drôle (Hélas, Jean-Claude Carrière nous a quitté entre temps, il n’a même pas pu voir le film). Le choix du sujet s’avère audacieux, pour un réalisateur qui sort pour la première fois du cadre de film d’amour.
La Croisade traite du changement climatique et de la nécessité (inévitable aujourd’hui) de se sensibiliser à ce sujet, devenu ces derniers années un cliché, à force d’en entendre parler constamment dans les médias. Louis Garrel a la bonne idée d’utiliser l’humour comme une arme contre ce cliché, et propose une nouvelle façon de voir et de comprendre la lutte des adolescents pour un avenir meilleur. Ironiquement, le film nous glisse des solutions irréalistes: vendre les objets de valeur, éliminer un adulte sur deux ou aller directement en Afrique pour solutionner le problème d’eau; bien sûr, il ne nous demande pas d’y adhérer. Derrière la comédie, se cache un cri d’alerte .
Certes, La croisade ne plaira pas aux gens qui s’amusent à mettre des commentaires haineux envers Greta Thunberg sur les réseaux sociaux (Louis Garrel ne cache pas sa sympathie pour l’activiste dans ses interviews) mais il propose une réflexion intéressante sur notre réaction potentielle face à la catastrophe écologique actuelle et à venir…