Lili, 35 ans, décide de tout quitter pour partir pêcher dans le Grand Nord. Dans ce monde d’hommes, elle va faire face à la peur, à l’épuisement physique, au déchaînement de la nature. Elle va aussi devoir choisir entre ses sentiments pour celui qu’elle appelle « l’homme lion » et sa liberté. Une histoire puissante, aussi physique que métaphysique.
Auteure auparavant d’un court-métrage titré Ma branche toute fine (2018), l’actrice Dinara Drukarova – aperçue chez Pascal Bonitzer, Michael Haneke, Arnaud Despechin, Joann Sfar, Julie Bertuccelli ou encore Léa Fehner, s’est attaqué, pour son premier long métrage, à l’adaptation cinématographique du roman Le grand marin publié en 2016 par Catherine Poulain. Grand marin a été primé sur scénario dans le cadre du Prix à la Création de la Fondation Gan 2020.
Les mots (le livre) d’une femme, les images (le film) d’une autre pour dépeindre la pêche au grand large, une sphère taiseuse et éminemment masculine habitée par des hommes aux caractères bien trempés. Nous embarquons avec Lili – interprétée par Dinara Drukarova elle-même, une femme donc, dans un monde d’hommes habitués à ce que leurs propres femmes jouent les « nounous » sur la terre ferme. Drukarova parvient à parfaitement faire ressortir à l’écran cette mentalité matinée de machisme. Mais le récit, en filigrane, reste bien celui d’une femme très attachée à sa liberté, forte dans ses convictions et intransigeante dans ses choix de vie.
Nous ne sommes pas surpris d’apprendre que le prochain film de l’actrice-réalisatrice prendra la forme d’un documentaire, tant nous ne pouvons que déjà constater que Grand marin, très pensé voire calculé au delà même de l’expérience immersive, en épouse par instants les codes et vise à rendre compte de la manière la plus naturelle qui soit le décor social. A commencer par ce choix de s’entourer pour les rôles secondaires de marins pêcheur professionnels – et non des acteurs , pour pouvoir scruter le métier avec une notable acuité.