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Dogman : chef-d’oeuvre ou film moyen ?

POUR

Dogman était notre Palme. L’histoire de Marcello, gentil petit homme, toiletteur pour chien, un petit peu dealer à ses heures, qui se fera entraîner dans l’enfer sans le vouloir par Simoncino, un caïd brutal et sans cœur, littéralement une « bête humaine ».

Le scénario, tiré d’un fait divers, est simple, et tient sur un ticket de métro. C’est ce qu’en fait Matteo Garrone qui nous envoûte. Images superbes et interprètes amateurs qui nous rappellent les grandes heures néoréalisme italien.

L’acteur principal, Marcello Fonte, véritable « gueule », personnage attachant qui imprègne la pellicule, est un acteur non professionnel qui a obtenu un très mérité prix d’interprétation à Cannes.

CONTRE

Film d’ouverture du 46ème Festival International du Film de La Rochelle, Dogman s’est vu représenté par son réalisateur et son acteur principal. Espérant un bon accueil français pour son film après celui obtenu en Italie, Matteo Garrone avouera son regret de ne pas pouvoir rester plus longtemps à La Rochelle au regard de la qualité du programme proposé par l’édition 2018 du FIFR. Très à l’aise sur scène, Marcello Fonte se réjouira (et réjouira aussi son auditoire) de la qualité de la Grande Salle de La Coursive à la fois salle de théâtre et salle de cinéma et de la présence d’un rideau comme dans les vrais théâtres. Rideau refermé quelques minutes auparavant sur l’Orchestre d’Harmonie de la Ville de La Rochelle qui venait d’interpréter quelques thèmes musicaux mettant successivement à l’honneur Charlie Chaplin, 8 ½, Batman et Chicken run.

Dans la première scène de Dogman, le temps d’un shampoing, Marcello (Marcello Fonte) parvient à apprivoiser un molosse. D’autres chiens plus ou moins dociles passeront entre ses mains expertes de toiletteur pour chiens. Mais Marcello sera aussi appelé à tenter d’apprivoiser un autre molosse, humain celui-ci en la personne de Simone (Edoardo Pesce) au blouson estampillé « Uncle Sam »… Grand, costaud et peu cérébral ce dernier forme un paire dépareillée avec Marcello, petit, malingre et scrupuleux.

Sa boutique Dogman et quelques petits trafics semblent permettre à Marcello de vivre une vie sans envergure dans une station balnéaire délabrée et désertée remarquablement filmée par Garrone. Dogman gagne là ses galons de film au réalisme social âpre teinté de violence.

L’auteur de Gomorra (2018) convainc cependant moins dans sa façon de mener son récit. La matière est pourtant là, librement inspirée d’un sordide fait divers qui avait profondément choqué l’Italie. Si en 1988 et longtemps après, cet évènement avait fait s’interroger la société italienne dans son rapport avec la violence, Dogman questionne en 2018, à travers le personnage de Marcello, notre rapport à la violence tout aussi pacifiste qu’on puisse être.

Film de vengeance d’un David contre un Goliath, le schéma narratif adopté apparaît manichéen. Le film peine par ailleurs à trouver son rythme. La cause en revient principalement à une intrigue qui tarde à se mettre en place. Dogman n’est pas non plus servi par son fil narratif secondaire centré sur Marcello et sa fille. Une fois amorcé, ce récit parallèle fait du surplace pour ne jamais aboutir. L’épilogue  attendu violent l’est. Garrone prend cependant soin de ne pas esthétiser la violence mise en scène et la place essentiellement hors du champ de sa caméra.

Présent dans tous les plans, Marcello Fonte porte le film à bout de bras. Dans une grande économie de jeu, il parvient à faire étalage de la faiblesse et de la solitude de son personnage. Il livre une belle performance d’acteur passant beaucoup par le langage du corps. Cette prestation justifie pleinement son Prix d’Interprétation masculine reçu lors de l’édition 2018 du festival de Cannes.

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