Nous avions hâte de découvrir En Liberté ! qui avait fait sensation à Cannes. Alors que nous étions en conférence de presse, le bruit courait que nous avions à faire à La comédie de l’année. Une journaliste belge qui sortait du Théâtre Croisette à l’hôtel Marriott – lieu des projections de la Quinzaine des réalisateurs – semblait toute émoustillée et le lobbying qu’elle lançait au palais du festival nous étonnait, d’autant que nous avions fait le choix de l’impasse. Certes nous savons Pierre Salvadori capable de bonnes comédies, mais de là à proposer la comédie de l’année, la comédie sensation, il y avait un pas que nous n’osions franchir.
A bien y regarder, le casting d’En liberté ! est en or : Adèle Haenel, Pio Marmai, Vincent Elbaz, Audrey Tautou sans oublier Damien Bonnard, véritable révélation, qui n’est pas sans rappeler Samir Guesmi dans le charme de ses maladresses.
Autre point fort du film que nous relevons, son scénario, très écrit et original, rythmé dans ses répliques et dans la répartition des scènes. Les jeux de mot pleuvent. La seule lecture de ce dernier peut sans nul doute générer de l’enthousiasme. Surtout que le cinéma français malgré ou plutôt à cause de son prestige, son Histoire, est carencé au niveau scénaristique, depuis l’hégémonie de la camera stylo, tout le monde n’ayant pas l’aptitude et le talent de se passer de structure.
Hélas, malgré le casting, la qualité de jeu et l’excellence de son écriture, En Liberté ! est bien victime de l’effet Cannes (cet effet qui font que les critiques fatigués par tant de films au pathos chargé – mais aussi les purges de plus de 3h qui demandent une concentration supérieure- viennent à s’enflammer pour une comédie anodine qui enfin les fait sourire !
Làs donc, l’humour d’En Liberté ! reste bien souvent à quai, le film s’étire et se répète bien plus qu’il ne surprend ou se réinvente. Manifestement, il penche plus du côté que nous nommerons « film Gaumont » que du côté du film d’Art & d’Essai. Il n’entre pas non plus dans la catégorie film comique inoubliable comme pouvait l’être par exemple Le Père Noel est une ordure pour ne citer que celui-ci. En liberté ! n’a pas même le charme de Ma petite entreprise, peut être le film le plus réussi de Pierre Salvadori: il s’apprécie le temps d’une boîte de pop-corn, mais n’en attendez guère mieux au prix d’être déçu.