Au festival de Cannes, ce soir, sera diffusé le dernier Terrence Mallick que l’on n’attend pas/plus. 3h au programme. Certaines années, la durée moyenne des films en compétition dépasse allègrement les 2h20. Ce n’est pas le cas cette année. Alors quand il nous est donné de voir un moyen métrage, de 50 min, de Gaspar Noe, nous en sommes presque réjouis quand vient la fatigue. – attention ne vous y trompez pas on préfère un film intéressant de 5h qu’un mauvais court métrage ! –
Gaspar Noe a commencé à filmer en Mars pour Lux Aeterna. Juste le temps qu’il faut pour aller à Cannes (pour lui, d’autres ont besoin de plus de temps) . Il n’avait pas de scénario, uniquement un casting. Et quel casting ! Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg.
Pour ceux qui se rappellent H Story, Béatrice Dalle, il suffit de mettre une caméra en face d’elle, et le cinéma commence !
En conférence de presse, celle qui fut révélée à Cannes dans son rôle à jamais iconique dans 37°2 le matin, est comme chez elle à Cannes, nature, et en conférence de presse, elle est comme dans son salon … Quand on lui pose une question – avant même qu’on lui pose une question à vrai dire – elle s’amuse à nommer les journalistes par leur couleur de pantalon …
Lux Aeterna de Gaspar Noe ne sortira peut être jamais en salle … Du fait de son format, plutôt que de sa qualité .. Fait dans l’urgence, comme souvent pour Noe qui s’en amuse, il est meilleur par exemple que Climax, présenté l’année dernière à la Quinzaine des réalisateurs, qui avait une petite idée filée de manière très prévisible pour qui connaît un tant soit peu l’oeuvre de Noe.
Lux Aeterna s’est créé sur une prétendue idée de Noe, qui n’existait pas encore … Il s’agissait de faire cohabiter Béatrice Dalle, Charlotte Gainsbourg, le tout dans l’univers visuel de Noe…
La suite: chacun y va de sa partition, Noe devient monteur bien plus que filmeur, il oublie très vite son plan séquence d’introduction qui aurait pu devenir le film en lui même – il a fait le coup avec Climax, il se voyait bien le répéter, dumoins le prétend-t-il pour faire genre !
Le choix du format pouvait interrogé, puisqu’il condamne presque la sortie en salle du film. Mais avouons-le, il a ses vertus au delà de nos aspirations de festivaliers.
Il oblige par exemple à condenser la matière, évite l’effet pour l’effet, le remplissage; oblige à retirer plutôt qu’à ajouter. Et pour un réalisateur prolifique comme l’est Noe, cette démarche va dans le bon sens…
Le résultat est plus qu’honnête. Le film se regarde avec plaisir, sans être génial ou merveilleux, il n’est pas vide de sens, sans être profond; Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle y ont apporté une matière bien à elle.
La plastique du film s’avère agréable, les images sont sans surprises belles, le tout est donc bien senti, le rythme est notamment bien vitaminé – plus personne ne s’interroge sur la nature de ces vitamines … – et bien entendu le tout est hyper flashy, sous néon hypnotique.
Le format moyen métrage était donc le bon !