avec Willem Dafoe, Oscar Isaac, Matthieu Amalric, Lolita Chamah, Emmanuelle Seigner, Mads Mikkelsen
Une évocation de la vie du peintre Vincent Van Gogh, durant son séjour à Arles et Auvers-sur-Oise.
At eternity’s gate, le nouveau film de Julian Schnabel (Le scaphandre et le papillon, Basquiat, …) dévoile une vérité différente sur Van Gogh que celle jusque là répandue. Il embrasse notamment, sous la plume de Jean-Claude Carrère, la théorie comme quoi le célèbre peintre ne se serait pas suicidé mais aurait été tué.
Entre autres caractéristiques, Schnabel cherche à dresser un portrait qui s’arrête sur deux composantes de l’homme; de l’artiste: son rapport au monde – sa perception déformée, sa psychopathie-, et son art. Le parti-pris est donc résolument différent de celui qu’avait retenu en son temps Pialat.
Le résultat est valable, avec de belles réussites à chercher du côté des impressions, du rendu de celles-ci – Schnabel cherche à nous retranscrire les choses vues de l’intérieur, vues par Van Gogh lui même, en tout cas, telles que lui les imagine, mais aussi comporte quelques aspects déroutants. L’homme Van Gogh est montré comme quelqu’un de profondément isolé, rejeté, et rejetable; un homme qui ne sait vivre au delà de son art, qui ne s’interroge pas sur celui-ci outre mesure, le mettant au dessus de tout. Schnabel interroge également l’art comme moteur psycho-thérapeutique. Ce que tente ici Schnabel peut se rapprocher de l’entreprise de Dumont vis à vis de Camille Claudel, qui tenait à mettre à l’écran une proposition très différente de celle de Nuytten, en contraste, réponse ou complément d’information.
Le pari tenté par Schnabel au final ne fonctionne que partiellement, malgré la plutôt intéressante partition de Willem Defoe, la démystification qui s’opère autour de Van Gogh étant probablement un contre-point trop fort, pour que l’on s’immerge avec passion dans les méandres de la raison de l’artiste, pour que l’on admire les effets visuels sensés rendre à l’écran la perception de ce dernier.