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3 Sorties DVD: Thelma, Mon garçon, Si tu voyais son coeur

Nous vous éclairons sur 3 sorties DVD actuelles, Thelma de Joachim Trier, Mon garçon et Si tu voyais son coeur.


THELMA de Joachim Trier avec Eili Harboe, Kaya Wilkins, Henrik Rafaelsen

 

Thelma, une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents, située sur la côte ouest de Norvège, pour aller étudier dans une université d’Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja. Tout semble se passer plutôt bien mais elle fait un jour à la bibliothèque une crise d’épilepsie d’une violence inouïe. Peu à peu, Thelma se sent submergée par l’intensité de ses sentiments pour Anja, qu’elle n’ose avouer – pas même à elle-même, et devient la proie de crises de plus en plus fréquentes et paroxystiques. Il devient bientôt évident que ces attaques sont en réalité le symptôme de facultés surnaturelles et dangereuses. Thelma se retrouve alors confrontée à son passé, lourd des tragiques implications de ces pouvoirs…

Joachim Trier nous surprend avec ce film très inclassable. On peut parler d’une incursion dans le cinéma de genre, ou plus précisément du cinéma de genres. Le réalisateur norvégien cherche visiblement à se renouveler et à se mettre en danger. Il se serait inspiré en premier lieu des films d’horreur italiens des années 70 (Dario Argento notamment), mais aussi de quelques uns des récits de Stephen King: son intention première étant de proposer un film de sorcières. Le résultat s’en éloigne; l’intérêt n’est pas à chercher dans la psychologie des personnages, dans la force du sujet comme cela était le cas des premiers films de Joachim Trier – mais bien dans le brouillage de pistes, dans le mystère entretenu quant au genre embrassé. Plusieurs lectures sont possibles de cette histoire à la fois simple et complexe, centrée sur une adolescente intrigante. Le surnaturel côtoie le psychiatrique/psychologique, qui côtoie l’horrifique. Nous parle-t-on d’une sorcière, d’une adolescente qui découvre sa sexualité, d’une forme rare d’épilepsie, d’une forme de folie, d’un rêve ? Le mystère s’invite dans une histoire quotidienne, nous ne sommes pas si loin des plus belles réussites asiatiques, japonaises ou coréennes dans l’intention (Memento Mori, les films de H. Kurosawa pour ne citer qu’eux) pour un résultat ceci dit moins fascinant, quoi que l’interprétation de l’actrice principale Eili Harboe soit remarquable.


Mon Garçon de Christian Carion avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier De Benoist

Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence a fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.

Guillaume Canet et Mélanie Laurent jouent à l’écran un couple séparé qui vont devoir mettre de côté leurs différents pour ne pas ruiner leur chance de retrouver leur fils vivant. On peut très clairement parler d’un thriller qui respecte les codes du genre, entre fausses pistes et actions débordantes, pour un résultat qui se veut efficace. Très ordinaire sur la forme comme sur le fond, malgré l’envie de Canet d’incarner au plus prêt son personnage de père désespéré, et d’ainsi proposer une composition différente de celles qu’on lui connaît.


Si tu voyais son coeur de Joan Chemla avec Gael García Bernal, Marine Vacth, Nahuel Perez Biscayart

Suite à la mort accidentelle de son meilleur ami, Daniel échoue à l’hôtel Métropole, un refuge pour les exclus et les âmes perdues. Rongé par la culpabilité, il sombre peu à peu dans la violence qui l’entoure. Sa rencontre avec Francine va éclairer son existence.

Si tu voyais son coeur est déroutant. L’intention de Joan Chemla est littéraire, comme en témoigne par exemple le titre métaphorique. Surtout, la narration choisit étonne dés les premières images, intrigue. Un puzzle s’offre au cerveau du spectateur, qui devra pièce après pièce reconstituer l’histoire plus globale, presque façon Lynch. Les repères sont flous, les effets de montage atypiques. Les coupes s’invitent avant ou après des instants fatidiques dont on peut jusqu’à nier la réalité, tant les supports spatio-temporels en sont effacés. S’il n’y avait ce synopsis qui en dit bien plus long, qui offre un cadre de lecture assurément inutile… Car le film invite surtout à la réflexion, il fonctionne telle une musique confondante: les personnages semblent étrangement absents de leur propres vies, dans une veine quasi existentialiste. Ces quelques impressions laissées le sont d’autant plus que la réalisatrice semble se jouer du langage, des langues, en conviant Gabriel Garcia Bernal à jouer en français, à prononcer quelques phrases avec un vocabulaire limité, en lui associant Nahuel Perez Biscayart, mais surtout Marine Vacht particulièrement mutique et iconique, désincarnée pour mieux proposer une forme multiple, qui dépasse symboliquement la simple personne. Le résultat est intéressant, quoi qu’il manque une certaine précision, une intensité de fond que la forme ne permet pas de masquer. Si tu voyais son coeur, que nous venons de découvrir, n’est pas sans nous rappeler un film en compétition à Berlin cette année, qui n’est pas encore sorti en France mais auquel nous avons été particulièrement sensibles, Transit, qui dépeint des personnages en marge de leur existence, ou plus précisément à un instant charnière de leur existence. En cela, nous y avons vu une promesse intéressante. [les courts métrages de Joan Chemla présents en bonus sur le DVD eux aussi témoignent de cette volonté d’évoquer, de dire sans dire, d’exorciser le passé pour peut être se reconstruire]

 

 

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