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Going to brazil – un titre anglais pour une comédie bien française !

La folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil.  À peine arrivées à Rio, elles tuent accidentellement un jeune homme trop insistant.  Dès lors, tout s’emballe..!

Patrick Mille avait surpris son monde avec Mauvaise fille. Il n’était absolument pas attendu, et il avait obtenu de nombreuses louanges, de la part d’une critique qui l’avait vu évoluer principalement en tant qu’acteur, dans des compositions comiques, à commencer par le très drôle Chico dans le centre de visionnage concocté par Edouard Baer, ou dans des compositions plus machiavéliques, comme le personnage qu’il incarnait dans Crime d’amour d’Alain Corneau.

Sa palette d’acteur était donc assez large, et pour son premier film en tant que réalisateur, on pouvait l’attendre plutôt sur le terrain de la légèreté, de la bonne humeur, quand il fît un choix bien différent. C’est ici avec une intention bien différente, celle d’un artiste protéiforme,  qu’il présente son deuxième film. Tel Michel Hazavanicius qui s’est fait une marque de fabrique de réinventer un genre mis de côté (OSS et bien entendu The artist), il s’atèle à un rêve de gosse, proposer un cinéma d’aventure populaire, comme savait si bien le faire Philippe De Broca. Patrick Mille ne s’en cache nullement, sa source d’inspiration première pour Going To Brazil, c’est l’homme de Rio. Mine de rien, ce genre de comédie qui faisait fureur dans les années 70- 80, et qui connut son heure de gloire avec De Broca, mais aussi Lelouch (L’aventure c’est l’aventure) s’est fait d’années en années de plus en plus rare, pour laisser la place à d’autres styles de comédies à vocation tout aussi populaire, mais dont le ressort comique est bien éloigné. L’intention de Patrick Mille est donc un peu double, d’une part rendre hommage, d’autre part réhabiliter, réinventer. Pour cela, son idée phare consiste à confier les rênes non pas à un nouveau Bebel, mais à un gang de filles. Vanessa Guide, Alyson Wheeler, Margot Bancilhon et Philippine Stindel forment un quatuor féminin sur qui tous les projecteurs vont bientôt se braquer.  L’aventure les attend au Brésil, pays de la fête, pays de la sensualité, pays des inégalités sociales, pays où la corruption règne, pays surtout que Patrick Mille connaît par cœur et qu’il souhaitait mettre à l’écran, quoi que tout son entourage ait tenté de l’en dissuader, tant les obstacles à franchir sont nombreux pour qui souhaite y tourner.

La comédie ne cherche à aucun moment à aller dans la surenchère, dans les extrêmes, à faire rire à tout prix. Bien au contraire, elle cherche surtout à imposer un rythme, un entrain, un mouvement. En ceci, elle est très facile d’accès, sans grande prétention artistique ou intellectuel: des faits, des gestes, des actions, des crêpages de chignon, et quelques dialogues plus ou moins bien senties. Patrick Mille cite volontiers dans ses sources d’inspiration le cinéma qu’il aime, la comédie américaine de Tarantino, de Rodriguez ou du côté britannique le cinéma de Guy Ritchie.

Si on très loin de ces sources là, et ce n’est pas forcément pour nous déplaire si l’on se réfère aux quelques ratages récents des références citées, il nous est difficile de dire que Going To Brazil se distingue positivement sur un critère donné si ce n’est en ce que l’imitation du genre est manifeste, et en ceci réussie. L’objectif populaire est assurément aussi atteint, sans aucun doute, un dimanche soir où un laborieux lundi nous attend, nous pourrions être tentés de mettre les enfants devant TF1 et de passer un peu de temps avec eux pour regarder cette comédie d’aventure somme toute légère.

Il existe assurément de bien plus mauvais films, de bien plus mauvaises comédies françaises (et qui parfois cartonnent au box office) mais dans le lot de l’industrie comique française, il en sort quand même chaque année des  plus brillantes, des plus élaborées. Peut être Patrick Mille aurait-il gagné à attendre un peu avant de réhabiliter un genre qui certes se fait rare au grand écran de nos jours, mais qui occupe encore une place importante à la télévision.

 

 

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