Le CNC finance très facilement des œuvres qui n’ont d’autres ambitions que de faire passer un bon moment au spectateur … Et parfois le public suit, à tort (L’indigeste saga des Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu en tête de cortège) ou à raison … L’industrie cinéma à la française produit des clones de films qui ont marché, ces derniers inondent malheureusement le marché … Le french cinema bashing y trouve probablement là sa plus forte motivation, sous couvert d’exception culturelle, certains financiers sont à l’affût de juteux profits. L’industrie ne vise pas en général l’art cinéma – sauf à ce qu’il puisse être rentable, sauf sensibilité particulière d’un producteur – , elle s’intéresse bien davantage au caractère lucratif … Les subventions vont donc en général très largement à des films de commande, des comédies légères, mal écrites, indigestes ou insipides, très peu drôles bien souvent – sauf exception là encore- et le plus souvent calqué sur un modèle existant.
Généralement, au Mag Cinéma nous taisons nos avis les plus critiques, par sélection naturelle le plus souvent – nous n’allons tout simplement pas voir des films dont la simple affiche nous fait craindre le pire, l’ennui esthétique le plus total. Mais, il ne s’agit aucunement d’une règle, bien au contraire, parmi les films de commande, certains peuvent se révéler plutôt distrayants, sympathiques voire marrants, et tout aussi cinéphiles que nous soyons, nous ne déconsidérons aucunement le genre comédie; bien au contraire, nous sommes assez unanimes sur certains chefs d’œuvres de la comédie à la française (le père noel est une ordure, les bronzés, …) et nous comptons parmi nous des admirateurs du style Bebel, de Louis de Funes, de Pierre Richard, des premiers films de Michel Blanc, qui forment selon nous une école de la comédie à la Française qui n’est pas aussi reconnue que l’école italienne, mais qui comprend pourtant de très belles oeuvres. Nous gardons donc toujours un oeil éveillé, curieux sur les comédies à la française qui pourraient soit sortir du lot, soit découvrir un nouveau talent, ou confirmer de bons réalisateurs. Aussi, parmi les films à l’affiche en ce moment, nous avons tenté Mon bébé de Lisa Azuelos, parce que Lol n‘était pas mauvais sans être exceptionnel, et parce qu’on se souvient de ses premiers films plutôt arty, et Rebelles d‘Allan Maudit, complètement au hasard pour ce dernier … Vous l’aurez compris nos avis sur ses deux films sont plutôt négatifs … Les voici
Rebelles
d’ Allan Mauduit avec Cécile de France, Yolande Moreau, Audrey Lamy
Sans boulot ni diplôme, Sandra, ex miss Pas-de Calais, revient s’installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer après 15 ans sur la Côte d’Azur. Embauchée à la conserverie locale, elle repousse vigoureusement les avances de son chef et le tue accidentellement. Deux autres filles ont été témoins de la scène. Alors qu’elles s’apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Une fortune qu’elles décident de se partager. C’est là que leurs ennuis commencent…
Notre avis: *
Une comédie certes plutôt alerte, mais qui ne parvient pas à nous faire rire plus que cela. Si l’on note quelques bonnes trouvailles, l’ambition de singer ou de rendre hommage au western à la Sergio Leone, quoi qu’elle parte d’un bon sentiment, s’avère un ratage manifeste. La comédie se regarde plutôt facilement, peut faire sourire par instant, mais jamais ne décolle ni sur le plan artistique ni sur aucun autre plan. Il y a plus mauvais – au moins le film n’est pas vulgaire ce qui est une tendance de plus en plus fréquente – mais il y a bien meilleur !
Mon bébé
de Lisa Azuelos avec Sandrine Kiberlain, Thaïs Alessandrin, Victor Belmondo
Héloïse est mère de trois enfants. Jade, sa « petite dernière », vient d’avoir dix-huit ans et va bientôt quitter le nid pour continuer ses études au Canada. Au fur et à mesure que le couperet du baccalauréat et du départ de Jade se rapproche, et dans le stress que cela représente, Héloïse se remémore leurs souvenirs partagés, ceux d’une tendre et fusionnelle relation mère-fille, et anticipe ce départ en jouant les apprenties cinéastes avec son IPhone, de peur que certains souvenirs ne lui échappent… Elle veut tellement profiter de ces derniers moments ensemble, qu’elle en oublierait presque de vivre le présent, dans la joie et la complicité qu’elle a toujours su créer avec sa fille, « son bébé ».
Notre avis: *
On peut parler d’un remake de Lol… Certes l’interprétation de Sandrine Kiberlain vaut le détour, certes le film bénéficie d’un regard qui peut porter à sourire, mais dans l’ensemble, il nous semble que Lisa Azuelos ne prend absolument aucun risque et se contente de très, très peu. Le portrait de la mère qui n’assume pas complètement le départ de sa petite dernière, qu’elle a tendance à préférer, qui s’oublie un peu elle même à en devenir figure comique, maladroite, speed, irresponsable, rebelle a beau être sympathique – bien aidé en cela par l’incarnation qu’en donne Sandrine Kiberlain – il ne nous fait pas oublier les ficelles éculées de Lol qui ne fonctionnent ici absolument plus, comme les joutes verbales autour du verlan qui sont du plus mauvais effet. Très mineur donc.