Wonder Wheel, le dernier Woody Allen, sort enfin en dvd. Est-il bon ? Oui, plus que ça même.
Ressemble-t-il à du Woody Allen ? Non, à l’instar d’un de ses autres meilleurs films, Match Point. Wonder Wheel est cependant complètement dissemblable de ce dernier.
Le film est une référence évidente au théâtre, celui de Tennessee Williams et aussi aux nombreuses adaptations cinématographiques du grand dramaturge –Un tramway nommé désir, La chatte sur un toit brûlant, Soudain l’été dernier pour ne citer que ceux-ci.
Années 50, unité de temps de lieu et d’action -ou presque-, personnages torturés et complexes, surtout l’un : Giny, intérprétée par une Kate Winslet toujours impeccable. Quand elle s’affuble des atours de son passé théâtral, qu’elle craint pour son âge, qu’elle se retrouve dans un contexte grossier indigne d’elle ou qu’elle s’entiche pour un jeune bellâtre (Mickey, joué par Justin Timberlake), il nous est impossible de ne pas penser à Blanche Dubois.
Wonder wheel nous fait un état des lieux cynique de la cruauté humaine : Mickey le maître-nageur qui se veut dramaturge qui préfère à Giny sa belle fille Carolina (Juno Temple), forcément bien plus jeune qu’elle, la jalousie de Giny pour Carolina, qui la mènera au pire -mais pas celui que vous imaginez. On notera d’ailleurs l’obsession du cinéaste pour « la jeune fille », comme l’auront remarqué nos confrères. Au milieu de tout cela, on notera quelques touches humoristiques, comme les méfaits du petit garçon de Giny pyromane récidiviste.
Bien que le film soit centré sur Kate Winslet, on note le jeu et le charisme de Juno Temple, qui fait décidément de bons choix de carrière, ainsi que la justesse de l’interprétation de Justin Timberlake.
La photographie du film n’est pas secondaire, elle est aussi importante que les protagonistes : toute en couleurs radicales, voyantes, inhabituelles, mise en place par un des plus grands chef-opérateurs de l’histoire du cinéma, Vittorio Storaro (1900, Apocalypse now).
Wonder wheel est un film aussi cruel, amer que captivant.