Alors que le festival du film britannique de Dinard2015 s’apprête à lever le voile sur son palmarès – cérémonie à 18h15 ce jour, nous faisons un point sur les 6 films en compétition.
L’auteur de la nouvelle plébiscitée en grande bretagne « The Lemon Grove » passe derrière la caméra avec « The Violators » , un film à propos de deux jeunes filles qui grandissent dans des environnements familiaux compliqués, dans la zone, en banlieue de Cheshire…
Premier film vu en compétition au Festival du Film Britannique de Dinard The violators nous embarque dans un récit mystérieux, plutôt poignant, et dresse un joli portrait d’une jeune femme qui lutte au quotidien contre les difficultés que lui confèrent ses origines et son milieu d’appartenance. La réalisatrice Helen Walsh réussit à saisir le spectateur, en proposant une narration évolutive, qui tour à tour s’intéresse à deux jeunes filles que tout oppose, et qui vont nourrir une relation très ambiguë, au mystère entretenu. Il est question d’amour, de survie, de prostitution, de difficultés sociales, de violence, d’errance affective.
Londres, 1997; l’industrie musicale britannique est à son apogée. Steven Stelfox, 27 ans, est un dénicheur de talents sans scrupules qui se fraye un chemin dans l’univers de la pop, un monde dans lequel les carrières se font aussi vite qu’elles se défont, au rythme des caprices du public. Cupide, ambitieux, et boosté par d’immenses quantités de drogues, Stelfox vit dans un rêve, toujours à la recherche du prochain carton musical. Mais quand les hits viennent à manquer, il se montre près à tout pour trouver le « son qui tue » qui sauvera sa carrière.
Kill your friends est au monde de la musique ce que Le loup de Wall Street est au monde de la finance: un thriller qui se sert des outrances du milieu, les amplifie, pour proposer une épopée ambitieuse. Ce sont un peu les Scarface modernes. Pas inintéressant certes, mais plus sensationnaliste que profond. Bien fait assurément, avec un budget probablement assez conséquent – étrangement produit par des grandes institutions musicales ! – .
Jim est le paria du lycée. Sa vie va être chamboulée quand Dean, un mystérieux Américain au look de star d’Hollywood emménage à côté de chez lui. Dean offre son amitié à Jim, ainsi que des conseils pour se faire des copains au lycée. Mais quand il apprend que Dean cache un lourd secret, Jim commence à se demander si cette nouvelle popularité en vaut vraiment la chandelle…
Just Jim s’intéresse à un personnage qui alimente le cinéma américain indépendant, notamment celui du génial Todd Solondz, l’enfant atypique, non sociabilisé à l’école et victime des moqueries de ses camarades, plus idiots et méchants les uns que les autres. L’entreprise consiste en général à jeter un trouble, d’une part on peut s’apitoyer (ou se ranger du côté des bourreaux), mais l’on peut aussi culpabiliser, car les blessures de l’enfance sont très souvent la cause de troubles psychologiques subséquents. Cause ou conséquence, la question se pose de façon entière. Elle est ici d’autant plus posée, que le jeune réalisateur qui se met en scène lui même, usant de son physique approprié, a recours à un procédé qui a lui seul a du valoir sa sélection à ce film par ailleurs à la facture ordinaire: de nombreuses scènes oniriques, viennent se confronter à la réalité, et le spectateur peut de lui-même décider si elles appartiennent à la réalité ou à l’imaginaire du jeune garçon. Intéressant.
Béatrice et son fils adolescent passent une semaine à emballer le contenu d’une maison de vacances, dans un coin isolé du sud de la France. Le jeune Elliot est confronté à sa sexualité naissante et à l’éloignement grandissant de sa mère. Quant à Béatrice, elle réalise que tout amour a disparu de son mariage et que la vie telle qu’elle l’a connue touche à sa fin. Elliot fait alors la connaissance d’un adolescent mystérieux, Clément, sur les bords du lac du barrage. Clément poussera insensiblement Elliot et Béatrice à affronter leurs désirs et, finalement, à s’affronter l’un l’autre. Departure est une histoire intime qui commence à l’aube du premier jour et finit la nuit du sixième, décrivant la fin d’un été, la fin d’une enfance et la fin d’une famille bourgeoise classique.
Departure est pour le moment le film qui nous a le plus séduit, retrouvez notre critique.
Le réalisateur présent à Dinard, nous rappelle que 20 ans plus tôt, il était venu présenter un film avec son équipe, et qu’il dormait par terre dans un hotel. Nous n’avons officiellement pas le droit de parler du film, car il est projeté dans une version non définitive, mais nous pouvons vous dire qu’il est malin et agréable à regarder. C’est déjà ça !
Quelque part en France… Deux Britanniques vivent comme des bêtes sauvages dans un trou creusé à même le sol d’une forêt. Moins d’un an auparavant, ils ont tout perdu dans un terrible incendie. En état de choc depuis le drame, le couple se terre, en rupture totale avec la société…
Hussam Hindi, le directeur de la programmation du Festival du Film Britannique de Dinard, soutient ce choix et l’annonce il aime beaucoup ce film. Probablement, parce qu’autour de lui, il entend des échos du public assez récurrent ces dernières années – et que l’on entend dans tous les festival, comme quoi la sélection n’est pas joyeuse, qu’elle est pessimiste, voire qu’elle est violente. Derrière ces lieux communs plutôt sans valeurs d’ordinaire – et qui expliquent que des films très banaux comme Sex Equality ait pu gagner des prix du public, pas toujours aussi mal inspiré heureusement! – se cache une évidence, le parti pris de l’artiste n’est pas nécessairement de divertir, tout comme le parti pris de celui qui diverti n’est pas l’art. Si d’une manière générale, nous adhérons à cette idée que le propre d’un bon film n’est pas de nous faire vivre des émotions positives à tout prix, en tout cas au détriment de la qualité artisitique, nous qualifierons cependant Couple in a hole de projet inabouti. Les intentions sont intéressantes. Nous pensons dans un premier temps à Versailles de Pierre Schoeller. Puis nous comprenons que le film va s’atteler à montrer scène après scène une condition de vie proche de celle des hommes préhistoriques, voire des animaux, choisi par un couple pour une raison qui est indéterminée et dont on se dit qu’elle est la raison d’être du film. Cette partie laisse place à quelques belles images, mais aussi à des réactions humaines très peu ordinaires, presque dérangeantes. Elle s’étire cependant et nuit au rythme et quoi que les scènes finales recèlent une matière autrement plus riche, toujours à la frontière entre l’humanité et l’animalité avec un contexte enfin explicite, mais aussi une portée autrement plus métaphysique, nous restons, à notre niveau sur cette impression première d’austérité.