Venise ouvrait ce jour avec Downsizing, d’Alexander Payne, à qui l’on doit deux comédies plutôt d’ordre populaire tout en étant un brin indé (et non arty), the descendants, et sideways, et qui connut par la suite les joies d’une sélection en compétition au festival de Cannes avec Nebraska.
Donwsizing est une comédie de non anticipation, au sens où elle ne peut en aucun cas se raccrocher à une possible réel à venir – la science a des limites que la science fiction parfois repousse, souvent omet comme ci-présent- qui réunit à l’affiche Matt Damon, Christoph Waltz, Hong Chau, Kristen Wiig en casting principal, d’autres tels que Neil Patrick Harris, Udo Kier, Alec Baldwin y feraient des apparitions (nous ne les avons pas remarqués à dire vrai).
Délicat exercice qui s’offre à nous face à la feuille critique blanche. Tant le film est à considérer comme un objet de divertissement, une passade, plutôt agréable d’ailleurs, plutôt que comme une oeuvre. La forme donc, puisque nous abordons notre lecture ainsi, s’avère très anecdotique, l’emballage n’est ni laid, ni beau, ni osé, ni tendance. La forme tend, volontairement, à s’effacer pour mieux servir un fond. Le contraire aurait d’ailleurs pu être une erreur, soit dit en passant, car l’intention n’est évidemment pas formelle, elle est bien davantage narrative.
Sur le fond, nous sommes tout autant embarassé à vous livrer une analyse … Car s’il y a bien une réflexion métaphysique, une réflexion possible sur le sort de l’humanité, comme toute oeuvre anticipatrice, il nous semble là encore que le sujet ne soit pas là. Le voyage liliputhien de Matt Damon et consorts, que le titre du film sous-tend et qu’il est difficile de ne pas dévoiler, propose un cadre global, sert de décor, dirons-nous, à une histoire bien plus ordinaire entre êtres, entre personnages de cinéma. La trame sera quelque part celle d’une comédié romantique, le message optimiste et pessimiste, apolitique comme le précise Alexandre Payne en conférence de presse – interrogé si Trump devrait bien recevoir son oeuvre, le réalisateur américain a sorti une pirouette, gageant que Trump était à ranger parmi tout spectateur, et à ce titre pouvait avoir ses propres ressentis.
Le fort de Downsizing est bien à rechercher dans sa composante comédie; le trait est volontairement appuyé, les nuances dans les psychologies des personnages sont effacées – Christoph Waltz continue de se singer et apparaît de plus en plus comme un digne successeur à Jim Carrey tant il est, exagérément, expressif – , les raccourcis symboliques aussi se succèdent les uns aux autres. Le film s’attèle donc, volontairement, à ce que sa surface soit la plus agréable, qu’elle oscille suffisamment pour proposer un rythme hollywoodien, avec son lot de larmes et de joies, ses histoires d’amours et ses blessures, qu’elle saupoudre de réflexions sociétales: Libre à chacun de les relever, et même d’apprécier.
Ni mauvais, ni bon, il est certain que le film ne peut laisser une grande trace, ceci étant dit, à défaut d’être un film brillant, philosophique, profond ou même clinquant, il n’est absolument pas désagréable …