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Les fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin

Les fantomes d’ismael est un film quelque peu déroutant, contrasté, inégal. Ce qui nous donne un objet étrange. Mélange de figures stylistiques propres au style Desplechin -scènes nimbées de rap, musique que le réalisateur apprécie plus que tout, personnages érudits  même quand ils sont sensés ne pas l’être (Carlotta par exemple n’a jamais lu mais connais des poèmes pointus par cœur, manie un langage riche et soutenu), insultes comme mode de communication « normal », autoanalyse (lacanienne ?) de tous les personnages, voix off narrative à la Truffaut, racines à Roubaix -racines bourges, surtout pas chti.

Quand le réalisateur se cantonne à son style, à ce qu’il sait faire de mieux et qui le définit, tout va bien. Le hic est qu’il s’aventure, bien souvent, dans un genre qu’il ne maîtrise pas, hors de sa zone de confort, et, malheureusement ces passages sont ratés. Même la môme Cotillard, pour la plupart du temps bien dirigée et qui ne « sonne » pas Cotillard (comme chez le dernier Dolan), commet des fautes de jeux, à certains moments (mauvaise direction d’acteur ?). Il en va de même, en pire, pour Charlotte Gainsbourg… Le retour de Carlotta, la revenante, est comique à son insu, avec des airs de Plus belle la vie ou des Vacances de l’amour -si si. Les réactions des personnages (M. Almaric et C. Gainsbourg) lorsque Carlotta revient, leurs dialogues, le jeu des acteurs mais aussi la mise en scène frôlent le ridicule, l’invraisemblance, la maladresse.

Voilà un film bien contrasté, à la manière de l’huile mélangée à de l’eau, deux liquides non missibles.

On apprécie le film dans le film (sans vous en dire plus faute de spoiler), les moments de grâce, les colères intenses très fortes et réussies, les situations volontairement drolatiques, ainsi que la mise en scène souvent brillante.

On aime beaucoup moins -voire on déteste- l’absence d’approfondissement, les invraisemblances scénaristiques, les scènes kitch et mal maîtrisées, ridicules sans le vouloir, maladroites -notamment, on l’a dit, les scènes de plage aka le retour de Carlotta. Dans la version coupée Cannes, une version « plus sentimentale » dixit Despleschin, le face caméra avec Charlotte Gainsbourg qui clôt le film, ainsi que la fin elle-même doivent sans doute s’inspirer du Truffaut période La femme d’à côté, mais manquent de niveau et gâchent un peu un film qui avait repris du galon au fur et à mesure qu’avançait l’histoire.

Les fantômes d’Ismaël a la particularité d’être un film obsédé par la vieillesse (les personnages, de 30 à 83 ans, disent tous « je suis une vielle femme, je suis un vieil homme » à longueur de temps). Une thématique nouvelle qui doit sans doute travailler Desplechin l’homme.

Il est difficile pour un non français -voire un non parisien qui n’a pas fait de longues études, de capter Desplechin, pur produit de l’Elite des Sciences Molles. On imagine, notamment, la tête de Will Smith lors de la projection officielle pour la projection d’ouverture en présence du jury.

 

NB : Voici aussi un autre avis, critique à chaud.

https://www.youtube.com/edit?o=U&video_id=7_BH4_FFM5A

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