Malavida ressort en DVD l’adaptation à l’écran du très célèbre roman de George Orwell
La ferme des animaux de John Halas, Joy Batchelor (1954)
Lassés des mauvais traitements, les animaux de la ferme de M. Jones décident de prendre le pouvoir et instaurent une nouvelle société fondée sur un principe d’égalité entre tous les animaux. Mais quelques uns des “quatre pattes” décident que certains sont plus égaux que d’autres…
Notre avis: Le roman de George Orwell est passionnant en ce qu’il propose une vision non seulement d’actualité, mais aussi car, sous une apparence de philosophie simpliste – à l’adresse potentielle des enfants, il dresse des constats multiples. Ceux-ci sont certes pessimistes mais ô combien pertinents et se sont révélés visionnaires, bien plus que de très alambiquées théories- et autrement plus réputées – ; la théorie marxiste (le concept de lutte des classes) ne résiste pas à la puissance de l’allégorie filée par la ferme des animaux, la nature humaine est interrogée, le fonctionnement des sociétés tout autant. En bien des points, La ferme des animaux est un manifeste. Porter, transposer ce message à l’écran relève de la gageure, et seule la technique d’animation rend le projet possible. Et le défi que se sont lancés John Halas et Joy Bachelor en 1954 s’avère réussi: les vertus du livre se retrouvent dans le film d’animation. Le message est délivré simplement, de façon très limpide, sous une forme aérée, musicale, et les sous textes, l’absence de théorisation implicite permettent aux spectateurs, adulte comme enfant, de s’interroger sur les utopies, la nature monstrueuse de l’homme, le danger du discours purement revendicatif, la difficulté de s’organiser lorsque s’installent des conflits d’intérêts. Le fascisme est visé, mais pas que. On regrettera simplement une certaine tendance à véhiculer des messages supplémentaires que le livre ne faisait pas, en donnant une apparence aux personnages, sympathique ou antipathique, là où le livre restait beaucoup plus mystérieux, et ne cherchait pas à pointer du doigt le bien ou le mal, rendant de la sorte le message beaucoup plus universel, et disculpant quelque part les individus en tant que tel.
Malavida a récemment réédité La ferme des animaux en version restaurée, sous forme d’un DVD avec Making of, interview de réalisateur et autocommentaire.