Nous n’étions pas chez Beineix (l’excellent Roselyne et les lions), mais les fauves étaient bien lâchés lors de la dernière cérémonie des Césars, où le discours introductif tonitruant (et excellement écrit, on était à des années lumières des prestations précédentes de Forresti) de Marina Fois a fait mouche.
Virulent, disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, – Canal plus l’ayant hélas réduit à tout bas en ne filmant pas la réaction des politiques présents- les Césars ont servi de tribune, comme très souvent à des revendications politiques.
Si, dans des éditions précédentes, ce militantisme avait pu sembler longuet, peu de circonstance (non essentiel dira-t-on), si certains s’y sont pris les pieds dans le tapis, si parfois les artistes ont été pris en otage (certaines manifestations des intermittents ont pu, par le passé, menacer la soirée en elle même, les intermittents n’y étant pas spécialement conviés), il n’en était rien cette fois-ci.
L’urgence était bien là, dans ce climat inquiétant tout aussi bien sur le plan sanitaire, économique, social et politique – les privations de liberté, les décisions prises en court-circuitant la voie parlementaire, …
La culture est la grande oubliée, (le travail est sanctuarisé tout comme l’école, les loisirs, la culture sont eux jetés aux orties) dénigrée au point, comme l’a si justement rappelé Marina Fois dans son discours introductif, d’avoir sorti Roselyne (autrefois raillée pour sa compétence, sa communication – ses fameuses bourdes, que certains hommes politiques, sexistes à souhait, mettaient volontiers en avant, lorsqu’elle fut ministre de la santé et des sports sous Sarkozy, -) de sa retraite – reconvertie en chroniqueuse Télé, elle n’était pas sans fantaisie – … Une pharmacienne à la culture …
Rien de moins illogique dés lors que la Culture est considérée non essentielle …
Mais voilà, Roselyne s’est sentie blessée dans son orgueil, et a fait sa petite sortie médiatique, pour, au lieu de prendre la température, prendre conscience de l’état d’urgence, faire amende honorable et porter, comme il se devrait d’une ministre de la Culture, la lutte – a minima défendre les intérêts de la Culture- , mettre de l’huile sur le feu.
La question se pose désormais, Roselyne est-elle vraiment essentielle ? Une ministre de la Culture qui se désengage de la cause culturelle à ce point, est-ce bien utile, est-ce même raisonnable ?
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point disait Pascal, il avait bien raison. A défaut de cœur, on pourrait attendre de Roselyne de la raison. Sans coeur, sans raison, où va-t-on … ?