ADN de Maïwenn *** (Sélection Officielle Cannes 2020)
Ce film auto-fictionnel sur le deuil et l’identité est plutôt réussi mais on ne demande pourquoi Maïwenn, qui jadis se faisait encore appeler par son vrai nom, Maïwenn Le Besco, choisit d’occulter sa part bretonne, elle qui, en plus de porter un prénom et un nom de famille breton, a une sœur Isild (au prénom tout aussi celtique) qui, et un frère, Jowan, qui ne communiquent qu’en langue bretonne avec leur père -dans la réalité. C’est d’autant plus troublant que Maïwenn joue avec les codes de sa réalité (le personnage de sa mère, de son père, de ses frères et sœurs et de son grand-père algérien que l’on a vu en personne -pour le père et le grand-père- dans le film Polisse). Les origines vietnamienne du père militant breton sont pourtant bien mentionnées. Étrange.
Des hommes de Lucas Belvaux **et demie (Sélection Officielle Cannes 2020)
Résistance de Jonanthan Jacubowicz ** (Avant-première)
Tout comme The professor and the madman c’est un film académique et non une oeuvre de cinéma, qui a le mérite de nous faire connaître une histoire vraie fort intéressante. Ici, l’implication héroïque du mime Marceau dans la Résistance lors de la deuxième guerre mondiale, et le nombre de vies d’enfant qu’il a sauvé lors de celle-ci. Clémence Poesy joue très bien (même si, au civil, elle demeure tout aussi difficile en interview, voir le tapis rouge avant la première du film à Deauville mais aussi notre propre interview que nous fîmes à grands renforts de rames lorsqu’elle était présidente du jury de Dinard). Jesse Einsenberg est remarquable, au bémol près qu’il n’a pas ni la grâce, ni le génie ni l’habileté du mime lorsqu’il s’agit des scènes où le personnage s’adonne à son don (n’est pas Michael Jackson qui veut). Felix Moati… est dans un film américain. Le personnage de Klaus Barbie est central, et l’on comprend mieux, par une scène, pourquoi il était surnommé « le boucher de Lyon ». Le film, comme on l’a déjà dit, a le mérite de nous apprendre quelque chose d’important et d’intéressant, mais cela s’arrête là, nous sommes loin, très loin d’Au revoir les enfants ou de L’armée des ombres.
Sons of Philadesphia de Jérémie Guez ** et demie (Avant première)
Il manque quelque chose à ce « Sons of Philadelphia » réalisé par Jeremy Guez. Trop linéaire dans son montage et sa réalisation, brumeux : on ne saisit pas tous les enjeux de ce film noir. Les flash-back ne sont pas distinguibles de l’action présente. C’est un film d’hommes, de violence, de ce fait cousin des films d’Audiard et de Scorsese -avec un style tout différent. Ni l’interprétation ni la réalisation ne sont blâmables, c’est bien là qu’il est difficile de déceler ce qui ne va pas. Restent des scènes d’une violence froide et sourde, assez saisissantes et singulières.
« Don’t tell a soul » ** de Alex McAulay
Deux frères, voleurs à leurs heures perdues et dont la mère se découvre atteinte d’un cancer, doivent affronter l’esprit vengeur d’un agent de sécurité coincé au fond d’une citerne oubliée.
« Don’t tell a soul » de Charles Douglas commence comme un drame social américain avant de tourner au grand guignol à rebondissemenrs WTF. C’est divertissant et mauvais à la fois. A noter la présence de Mena Suvari et de Fionn Withehead, jeune acteur du dernier épisode de « Black Mirror », « Bandersnatch ».
Love is love is love d’Eleonor Coppola
Trois histoires qui évoquent l’amour, l’engagement et la loyauté dans les couples et entre amis.
Two for Dinner : un couple marié qui vit temporairement loin l’un de l’autre est plus éloigné qu’il ne le pense. Sailing Lesson : un vieux couple décide de passer une journée sur un voilier pour raviver leur amour mais se retrouve dans une situation inattendue. Late Lunch : une jeune femme qui vient de perdre sa mère invite à déjeuner les amies de la défunte afin d’évoquer son souvenir. Des révélations vont éclater au grand jour.
Bourgeois américain (avec mécénat caritatif, bonne ispanique, racisme qui-en-ne-voulant-pas-en-être- en_est), kitch, ennuyeux et mauvais, « Love is love is love » d’Eleonor Coppola ne restera certainement pas dans les annales du Cinéma mis à part qu’il est le premier film d’une personne âgée de plus de 80 ans, femme et mère de grand(e)s cinéastes (Francis Ford et Sofia donc). On se demande aussi, comment ayant accompagné toutes leurs vies des gens aussi talentueux, Eleonor C. ait pu se fourvoyer de la sorte.
A good man de Marie-Castille Mention-Schaar **** (Sélection Officielle Cannes 2020)
Aude et Benjamin s’aiment et vivent ensemble depuis 6 ans. Aude souffre de ne pas pouvoir avoir d’enfant alors Benjamin décide que… (spoiler)
« A good man » qui devait initialement être présenté à Cannes, est la première réelle surprise de ce FestivalduCinémaAméricaindeDeauville. Nous ne spoilerons pas l’histoire, qui vient nous cueillir et nous bluffer. Il raconte une histoire vraie et la performance de Noémie Merlant est littéralement hallucinante, de ces interprétations que l’on a plus l’habitude de voir dans le cinéma américain. Pour en revenir au sujet que nous ne divulguerons pas, il est à la mode au point de de crisper, mais ici il est traité de telle sorte que nous sommes immergés dans l’histoire et touchés par ce « good man »
Teddy des frères Boukherma *** (Selection Officielle Cannes 2020)
Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois.Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…
Thierry Frémaux a été si laudateur dans sa présentation de Teddy que nous en attendions encore mieux. Il était sélectionné à Cannes 2020. Il reste malgré notre déception toute relative un des meilleurs films présentés à Deauville, à mi chemin entre « Grave »(Julia Ducournau) et les premiers Dumont. A noter que les meilleurs films présentés cette année à Deauville sont français : « À good man », « Les deux Alfred » et « Teddy » donc.
The professor and the madman de Farhad Safina**
La collaboration entre un philologue écossais et un médecin militaire interné dans un hôpital psychiatrique, qui amena à la création de l’Oxford English Dictionary.
Le film est académique et tout son intérêt réside dans son histoire. L’émotion qui nous atteint parfois dans ce film tient la véracité des faits -et aussi quelques effets de scénario, telle qu’une histoire d’amour dont on doute qu’elle ait eu lieu dans la réalité. On apprécie la présence de Natalie Dormer. Les sexagénaires Sean Penn et Mel Gibson se donnent la réplique, dommage que Sean Penn ait cédé au non-vieillir hollywoodien, à base d’UV, de fond de teint orange, de sourcils teints et de dents trop blanches (combo que l’on retrouve très souvent chez les vielles gloires hollywoodiennes que nous voyons en personne, et qui ressemble à leur « jeune eux » à une cinquantaine de mètres, n’est-ce pas John Travolta, Nicolas Cage and co ?)
The Assistant de Kitty Green (Compétition) **
Jane, une jeune diplômée qui rêve de devenir productrice, vient d’être engagée comme assistante d’un puissant dirigeant, nabab du divertissement. Sa journée type ressemble à celle de toutes les autres assistantes : faire du café, remettre du papier dans le photocopieur, commander à déjeuner, organiser des voyages, prendre les messages. Mais au fil de cette journée, Jane se rend progressivement compte des abus insidieux qui découlent de tous les aspects de sa position et qu’elle n’avait pas anticipés…
Trop monotone, sans rebondissements pourtant attendus, The assistant, qui dépeint le quotidien d’une jeune assistante dans une boîte de production de cinéma, dont le patron pourrait s’assimiler à un Weinstein, n’aura assurément pas de prix.