Un film de Michał Englert ,Małgorzata Szumowska
Avec: Małgorzata Hajewska-Krzysztofik, Joanna Kulig, Bogumiła Bajor, Mateusz Więcławek, Jacek Braciak
Adam essaie d’être un bon mari et un bon père dans une petite ville de Pologne. Mais Adam commence à se sentir de plus en plus mal à l’aise dans son corps, qui ne reflète pas sa véritable identité.
Notre avis: *
Woman of s’inscrit parfaitement dans son époque, et cherche à diffuser un message bienveillant, de manière plutôt douce, sans chercher à accuser ou à déranger. Il s’agit de mettre en lumière que les conservatismes, notamment chrétiens en Pologne, laissent de côté toute une partie de la population LGBT ostracisée, et en particulier, ceux qui souffrent de leur transidentité. Le film étonne par l’éclairage apporté, en ce qu’il ne renvoie aucunement l’agressivité ni l’intensité de la souffrance subie, et donc ne se range pas dans une logique de combat, et encore moins n’insuffle de la radicalité pour que les choses changent aujourd’hui et maintenant – il met bien davantage l’accent sur ceux sur la compréhension, le positivisme de certains, voire du plus grand nombre, et montre en cela qu’un autre possible existe. Il vise donc à normaliser, lisser, éviter tout effet démonstratif ou servant d’exemple, pour que le message puisse émouvoir, faire réfléchir ou réagir, gagner la sympathie ou faire entrer en empathie. La douceur du message passe également par la qualité d’interprétation de son acteur principal. Malgré cela, le film ne marque que très peu, principalement car il emploie un ton « premier degré » et ne permet aucunement au spectateur de pouvoir bénéficier d’un éclairage 360 degrés. Que l’on soit d’accord ou non avec le message transmis, l’effet policé ne convainc pas, à trop vouloir polir les angles, le film perd en force, en intensité. De façon ambivalente, une autre qualité de Woman of que l’on pourrait remarquer vient également à le desservir. En effet, les deux co-cinéastes proposent un cinéma qui s’appuient beaucoup plus sur l’image, le symbole et les figures pour raconter leur histoire que par les dialogues, ou les effets littéraires. Si le cinéma aurait naturellement tendance à y gagner, (qu’est-ce que le cinéma une fois de plus …?), un contre-effet provient du fait, là aussi, du caractère trivial et démonstratif des symboles utilisés. Simple certes, mais contre productif artistiquement, intellectuellement, ce choix de mise en scène tend à banaliser le récit, diminuer l’intérêt général, et mettre en avant la faiblesse des dialogues, le très peu de finesse psychologique d’ensemble. Puisque nous saisissons sans effort de quoi il est question, puisqu’aucun mystère ne vient entourer le déroulement, puisque le film use et abuse de prolepses bien trop révélatrices sur ce qui va ensuite être développé, puisqu’émotionnellement également la simplicité est de mise (une forme d’angélisme ambiant), puisque le mal être n’est pas étudié de l’intérieur plus que cela, puisque la complexité psychologique qui entoure la question de la transidentité se voit balayer en quelques petites phrases sans profondeurs, pour mieux se recentrer sur la situation, l’évolution de celle-ci, privilégiant la lecture temporelle des évènements – en les situant ceci dit dans la chronologie propre à la Pologne, le je au nous, nous en venons tout simplement à nous ennuyer vis à vis d’un objet cinématographique bien neutre.