Un film de Emily Atef
Avec Marlene Burow, Felix Kramer, Cedric Eich, Silke Bodenbender, Florian Panzner
Au cours de l’été 1990, Maria et Johannes se créent un refuge dans le grenier d’une ferme à la frontière qui n’existe plus. L’avenir semble clair jusqu’à ce que Maria rencontre Henner et l’aime d’une manière sensuelle, crue et sans pitié. Une dose surprenante de romantisme allemand.
Notre avis: ***
Emily Atef poursuit ici son exploration des affres, sensations et désirs de l’âme féminine, après Trois jours à Quiberon et Plus que jamais. De son aveu, le sujet s’est imposé à elle parce qu’il lui parlait, l’interrogeait, comme Romy Schneider ou le personnage interprété par Vicky Krieps dans Plus que jamais. Enfant, la réalisatrice s’identifiait à Mowglie, mais s’étonnait que le cinéma ne lui propose pas davantage d’héroïnes. Elle s’intéresse plus à son contraire, ou plus précisément aux femmes qu’elle pourrait être si elle avait plusieurs vies, qu’à chercher à y glisser ses propres expériences personnelles. Mais par le truchement de la caméra et de la mise en scène, nécessairement elle y glisse de nombreux indices sur sa propre sensibilité. Ainsi la question du désir, de l’émancipation vers un avenir dont on ne peut dire avec certitude qu’il sera meilleur, celle de l’amour également, ou du rapport à l’image dans un contexte sociétal donné, habite ses trois films qui pourrait ainsi former une trilogie. Emily Atef parvient une fois de plus à interroger le spectateur, notamment son regard sur la psychologie de femmes en résistance avec les doutes que leur esprit traverse, qui en viennent à prendre des résolutions après réflexion. L’émotion n’est jamais loin. Cependant, ici, le traitement délicat, l’attention prise pour que puisse se dégager un érotisme « women gaze », mais aussi l’intention de narrer une période de transition entre un monde d’avant et celui d’après, imposent un rythme particulier au film. Quelques longueurs pourront ainsi ternir notre impression d’ensemble par ailleurs favorable.