Un film de Agnieszka Holland
Avec: Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Tomasz Włosok, Behi Djanati Atai, Mohamad Al Rashi, Dalia Naous, Malwina Buss, Monika Frajczyk, Piotr Stramowski, Jaśmina Polak
Les destins d’une famille de réfugiés syriens, d’un professeur d’anglais solitaire originaire d’Afghanistan et d’un jeune garde-frontière, qui se rencontrent à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie..
Notre avis 1: *
Sur écrit, The Green Border dont on attendait bien plus, se paye le luxe d’abandonner ses personnages au premier tiers du récit, de les remplacer par d’autres, et de remplir chaque interstice narratif d’un épisode dramatique ampoulé et qui, appuyant bien trop sur le pathos, en perd toute intensité, crédibilité. On se demande encore pourquoi Agnieszka Holland, qui touchait là à un joli sujet, qui distille malgré tout un cri d’alarme nécessaire, n’a pas opté pour un récit de facture autrement plus naturaliste, qui pourrait bien plus nous atteindre et nous faire réfléchir que la fiction très pataude et imprécise (pourquoi des marocains cherchent-ils à aller en Suède en passant par la Biélorussie ? pourquoi tant de femmes enceintes ? pourquoi des morts noyés dans des marécages ? pourquoi un épisode en apparence plus positif où une famille riche accueille de jeunes africains dans ce qui ressemble à un air bnb de luxe ?) … Les questions posées sont les bonnes (pourquoi agir différemment avec l’Ukraine qu’avec les migrants subsahariens ou orientaux ? quelles solutions apporter pour réellement endiguer le drame qui se joue tous les jours ?, qu’est-ce qui anime ceux qui aident, se démènent et lutte pour une cause, et au contraire, ceux qui s’en contrefichent, ou rajoute de l’inhumanité à la misère ?) , l’intention 360 degrés de la cinéaste louable (essayer de faire le tour de la question, prendre en compte des points de vue différents les uns des autres et laisser le spectateur choisir derrière lequel il se range ou se reconnaît), mais The Green Border relève bien trop de la fiction appuyée, sans finesse, pour apporter un éclairage, initier une réflexion, et même émouvoir … A se demander (nous y reviendrons avec le raté Io Capitano sur un sujet similaire), si l’urgence d’un tel sujet, son hypersensibilité interdirait presque qu’on s’y attaque sous l’angle de la fiction, avec une distance aussi dérangeante que la distance avec laquelle nos sociétés regardent, sans agir, ces drames se répéter …
Notre avis 2: ***