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Pepe de Nelson Carlo de los Santos Arias

Un film de Nelson Carlo de los Santos Arias

Avec: Jhon Narváez, Sor María Ríos, Fareed Matjila, Harmony Ahalwa, Jorge Puntillón García, Shifafure Faustinus, Steven Alexander, Nicolás Marín Caly

Une voix qui prétend être celle d’un hippopotame. Une voix qui ne comprend pas la perception du temps. Pepe, le premier et dernier hippopotame tué en Amérique, raconte son histoire avec l’oralité bouleversante de ces villes.

Un film au concept très abstrait et intriguant, qui frustre à la hauteur de ce qu’il parvient parfois à réussir. Le procédé, l’angle d’attaque, s’inspire fortement d’une démarche documentaire et artistique ambitieuse. En donnant voie à des hippopotames ramenés de Namibie en Colombie, Nelson Carlo de los Santos Arias vise clairement à nous parler de Colombie, d’une vérité quotidienne, d’un état, d’une société, toujours marqué par les années Escobar et la main mise sur la société par les cartels. Il trouve également en nous partageant une part de science autour de l’Hippopotame un miroir de ce que Melville avait su faire ressortir de Moby Dick, un mythe, une montagne, un danger ultime qui rend ceux qui partent en chasse contre lui totalement hypnotisés. Pepe(le film) se joue également d’un personnage de bande dessinée, Pepe l’hippopotame tout gentil, qui fait rire les enfants, tout comme il inscrit inexorablement la figure de Pablo Escobar au centre de la démarche documentaire (ou fictive), puisque parmi les différents hippopotames dont il sera question, l’un se prénomme Pepe, l’autre Pablito. Un peu comme Bresson parvenait à le faire avec Au Hasard Balthazar, Pepe ambitionne de faire ressortir non pas les péchés capitaux de l’homme, mais les problèmes qui rongent son pays, le militarisme, la pauvreté, le machisme, le totalitarisme, l’absence d’infrastructures et de développements, le problème d’éductation et un avenir bouché… Il donne la parole aux miss locales tout autant qu’aux hippopotames, et n’oublie jamais de nous proposer quelques jolis plans cinématographiques, quand il s’agit de survoler la namibie ou de suivre les fleuves amazoniens. Mais le tout s’avère très inégal, beaucoup trop étiré, et les quelques instants captifs et magiques saisis ici ou là peinent à former un tout aisément perceptible, le film se perd dans son concept: il crée une attente, donne des espoirs et indices, mais ne parvient jamais à parfaitement la combler, ou à concrétiser ses bonnes idées documentaires en une émotion ou réflexion plus tangible. Quelque chose se passe, manifestement, mais quelque chose manque tout autant. A trop se répéter, à saturer d’expérimentations sonores pour combler des images qu’il eut été très difficiles d’obtenir, à trop se perdre dans les chemins qu’il suit, Pepe ne reste qu’un intéressant essai qui manque sa cible, en tout cas, dans cette première partie.

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