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O Agente Secreto (L’Agent secret) de Kleber Mendonça Filho

Un film de Kleber Mendonça Filho

Avec: Wagner Moura, Maria Fernanda Cândido, Gabriel Leone, Udo Kier, Alice Carvalho, Isabél Zuaa, Suzy Lopes, Joálisson Cunha, Beto Quirino, Buda Lira

1977, Brésil. Marcelo, un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où il espère construire une nouvelle vie et renouer avec sa famille. C’est sans compter sur les menaces de mort qui rôdent et planent au-dessus de sa tête…

Avec L’agent secret, Kleber Mendoza Filho s’applique à proposer un thriller qui cherche constamment à trouver un bon équilibre entre ses différentes composantes: un récit sur fond de Grande Histoire (la dictature, les disparitions, le maccarthisme, la chasse aux sorcières), une intrigue qui se divise en plusieurs énigmes à résoudre (jeu de piste permanent pour le spectateur), une inscription dans un territoire et son passé (le nordeste), une reprise de codes empruntés à la fois à Paul Thomas Anderson (narration ample et volontairement alentie, pensée par strates), au cinéma américain des années 70 (conversations secrètes notamment en référence immédiate et évidente) et une corde sensible autour de la famille et du Brésil, sur fond de carnaval (et des morts à chaque édition, dont certains sans enquêtes). Ce chassé croisé mystérieux a le bon goût de ne pas vriller trop vite. Quand il vient à le faire, il convoque de manière surprenante des contre références, populaire, Les dents de la mer, qui alimentent des cauchemars qui s’entrechoquent avec la réalité, Le magnifique de De Broca, diffusés l’un et l’autre dans un cinéma local point névralgique du récit dans lequel grandit un petit garçon, aux côtés de son grand père, le père devant se cacher et chercher à fuir le pays s’il veut pouvoir mener une vie libre, pour une raison qui restera longtemps mystérieuse … Le patchwork ainsi proposé, paradoxalement relativement peu expérimental dans sa texture (clairement du côté du cinéma politique et d espionnage américain) tarde à convaincre dans un premier temps, sa longue exposition ne délivrant que relativement peu d’indices sur l’intention première du film. Mais il trouve dans sa seconde partie un rythme à mesure qu’il lève le voile, une à une, sur chaque embryon d’intrigues posées ici ou là, façon petit poucet. Au final, L’agent Secret, livre ses secrets, il révèle les ellipses, permet au spectateur de reconstituer le puzzle, de resituer les évènements dans un ordre enfin devenu limpide, et peut en cela donner l’impression d’une belle fresque politique, ample (qui n’en reste pas moins tarabiscoté). Un bel exercice de style, un objet de pop culture en soi (Spielberg n’est pas convoqué par hasard) peut être pas aussi impactant que ce qu’il aurait pu, s’il était parvenu à inscrire ce récit dans une logique plus implacable historique, s’il avait contenu des révélation s historiques et non uniquement des résolutions de scénario, et surtout, si le récit s’était davantage concentré sur son objet sans faire de détours douteux par exemple sur le fait que des nazis se soient cachés et aient vécu librement en Amérique du Sud, même si cette scène avec Udo Kier joue avec un humour étrange.

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