Un film de Lucile Hadzihalilovic
Avec: Marion Cotillard, Clara Pacini, August Diehl, Gaspar Noé, Lila-Rose Gilberti, Raphael Reboul, Marine Gesbert, Wilhelm Bonnelle
Années 70. Depuis son village de haute-montagne, Jeanne, 15 ans, rêve de quitter l’orphelinat de son enfance et découvrir le monde. Fuguant vers la ville de lumières, elle trouve refuge dans un hangar. Au matin, lui apparaît la Reine des Neiges, éblouissante. Le hangar se révèle être un studio où se tourne un film adapté du conte. Cristina, la star, qui incarne la Reine, règne sans partage sur le plateau. Fascinée par cette femme cruelle au charme trouble, à la fois puissante et vulnérable, Jeanne devient sa protégée et sa confidente alors que le piège se referme sur elle.
Notre avis: ***
Un exercice de style fort réussi, qui s’approprie un récit à la Andersen (un conte), lui donne une texture fascinante, pour précisément évoquer, avec tact et élégance, le sujet de l’emprise, de la fascination que peuvent avoir les jeunes filles pour des personnages comme la reine des neiges, ou pour des actrices. Le duo Marion Cotillard (qui retrouve un rôle proche des jolis choses de Paquet Brenner), Clara Pacini fonctionne à plein, offrant un effet miroir évident, et qui plus est Lucille Hadzihalilovic se paye le luxe de déplacer le conte hivernal, dans la fabrique même du cinéma, allant jusqu’à révéler ses trucs et astuces. Le tout nous embarque, précisément car l’esthétique et les ingrédients propres aux contes nous renvoie à la fascination que nous pouvions nous même avoir enfant pour ces récits, pour ce qu’ils ont de formateurs, ce qu’ils disent de la vie, de la mort, ce qu’ils comportent de philosophie bien au delà du simple effroi. Une très belle réussite donc, probablement de 7 à 77 ans, même si les éléments morbides ou sanglants (petites touches très stylisées) ont de quoi alimenter quelques cauchemars, même si l’insertion du réel dans le conte, la prise de distance, peut parfois nous en sortir.