Un film d’ Olivier Assayas
Avec: Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Micha Lescot, Nine d’Urso
Quand le confinement est déclaré, deux couples se cloîtrent ensemble.
Notre avis: *
Olivier Assayas continue d’alterner entre un cinéma intimiste à la française et un cinéma plus grand public, plus tourné vers l’action. Cette fois-ci, dans un mode qui nous a semblé très paresseux, il met en image son journal de confinement, même s’il y introduit un semblant de fiction en confiant son rôle à Vincent Macaigne et celui de son frère à Micha Lescot, il ne fait presqu’aucun doute, si l’on se réfère aux biographies respectives des frères Assayas qu’il s’agit là d’un cinéma en Je. Embarrassés dés le départ par une lettre lue par Assayas sur un ton insipide, et très auto-centré, au sujet de la maison familiale, nous le serons très souvent par ce qui se joue réellement entre les quatre personnages amenés à cohabiter en période de confinement, dans des conditions très privilégiées. Outre le regard très bourgeois, plutôt malaisant car bien trop distant voire ouvertement distancié, les conversations dans leur ensemble viennent très rapidement à occuper la place centrale, dans un cinéma très bavard, qui s’il énonce l’intention de se reconnecter avec la nature (comme avaient pu le faire les impressionnistes en sortant de Paris, question qui hante visiblement Assayas à ce momento-là) manque rapidement sa cible, car incapable de laisser une image de nature atone, incapable de laisser la caméra vagabonder d’elle même ou épouser le regard contemplatif qui fut pourtant celui d’Assayas en cette période. Incapable donc de se jouer des silences, nous devons nous en remettre aux interprétes d’une part, mais aussi et surtout aux voix, et à ce qui ressort des différents discours. Etonnamment, Vincent Macaigne semble s’évertuer à copier le timbre et l’intonation (insipide) d’Olivier Assayas, ce qu’il parvient à faire très honnêtement, sans que l’on soit plus que cela convaincu que l’idée fut bonne. A ses côtés, Micha Lescot, incarne son frère, là aussi, très honnêtement, sans que l’on ne soit plus convaincu sur la vertu d’à ce point étirer le phrasé. Olivier et Michka se prénomment ici de façon tout aussi étrange Paul et Etienne, peut être pour tenter de brouiller la frontière entre fiction et documentaire, peut être aussi, par manque de courage et de jusqu’au boutisme dans l’entreprise. Les querelles entre frères n’auront de cesse de se répéter, leurs agacements, leurs névroses, sont les nôtres. A leurs côtés, les deux personnages féminins principaux (Nora Hamzawi, Nine d’Urso) peuvent littéralement être qualifiées de compagnes, tant le développement de leurs personnages semble loin des priorité de ce récit qui leur accorde bien davantage un rang de faire valoir. Entre des conversations tendues entre frères, se glisseront quelques observations sur le quotidien, sur le confinement en lui même, et les réactions vis à vis de la gestion mise en place, sans saveurs, sans éclat, et surtout sans puissance ou qualité intellectuelle. Ceci-dit, Assayas a le bon goût d’insister sur ce qui fut le quotidien de nombreuses personnes, outre une reconnexion avec la nature, le confinement fut pour beaucoup une période de connexion, voire de consommation excessive, contre balançant donc avec la distance que la condition bourgeoise de ce confinement instaure très naturellement et sans vergogne. Il a surtout le très bon goût de faire ressortir d’autres conversations, et de partager quelques réflexions cultivées, quelques ouvrages qui l’ont construit et l’habitent encore (art, peinture, musicologie, anecdotes, souvenirs et réflexions autour du cinéma).