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Geu Jayeoni de Hong San-Soo

Un film de 홍상수 Hong San-Soo

Avec: 하성국, 권해효, 조윤희, 강소이, 박미소

Un jeune poète dépose sa petite amie chez ses parents et est surpris par la taille de la maison. Il croise le père de la jeune femme, rencontre sa mère et sa sœur, et ils finissent par passer une longue journée ensemble, nourris de conversations, de nourriture et de boissons.

Le réalisateur coréen continue son travail de sape, interroge en continue son propre cinéma, en cherchant de nouvelles petites choses, des variations vis à vis de ce qu’il a déjà proposé. Ici, il reprend donc des personnages qui nous sont familiers (il fonctionne souvent avec les même actuers), et les convie une fois de plus à une table, où, le Suju aidant (il est revenu au Suju), les personnes vont petit à petit se dévoiler et quitter leur masque,, parvenir à des vérités qu’ils cherchaient à masquer, mais s’expérimente à aborder des thématiques pas forcément si fréquentes dans son cinéma, et côté forme, il choisit, probablement pour proposer quelque chose en miroir du fond, de reposer sciemment sur une image flou, voire floutée, quand elle n’est pas sursaturée, avec un sound design là aussi d’un niveau volontairement amateur. Car son personnage principal, un jeune amant qui va être présenté à sa belle famille, nourrit une passion pour la poésie – comme Hong San Soo a nourrit et nourrit toujours une passion pour le cinéma, mais sa poésie peut sembler très rudimentaire, il en laisse le spectateur juge, et pose en cela deux questions qu’est-ce que la poésie, et qu’est ce que le cinéma ? Au delà, de cet aspect formel et de ce sujet que l’on met volontiers sur la plan de la blague du cinéaste adressé envers les critiques et organisateurs de festival qui n’ont de cesse de mettre des qualificatifs, d’apposer des discours sur des œuvres, parfois totalement inventés, ou surinterprétés, Hong San Soo, nous propose, de façon très fluide et très construite, à travers plusieurs tableaux qui se suivent – disons qu’ils se déroulent à une heure d’intervalle environ chacun, de faire le tour, de certains sujets, et de montrer les différences de conception que chacun de ses personnages peut avoir. Un peu comme peut le faire Radu Jude dans Contental 25, il parvient, en nous amusant, à nous partager ses observations sur le genre humain, en ce qui concerne le rapport à l’argent, le rapport au père, le rapport voire l’ingérence de parents dans les affaires amoureuses de leur fille, les motivations cachées derrière une relation, le rapport à l’art, à la poésie, dans l’absolu, mais aussi en tant que philosophie de vie, qu’elle soit justifiée par du temps libre, ou une opposition à un mode de vie dépourvu de poésie, guidé par le travail, et donc enfin, le film pose tout entier la question de l’image qu’une personne se donne, des apparences, sujet que l’on a pu voir adresser dans d’autres films en compétition, Malin et bien ficelé, plaisant et sage.

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