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Connemara d’Alex Lutz

Un film d’Alex Lutz

Avec: Mélanie Thierry, Bastien Bouillon, Jacques Gamblin, Bruno Sanches, Eliot Giraud, Grégory Montel, Clémentine Célarié, Anne Charrier, Alexandre Auvergne, Johanna Lauraire

Issue d’un milieu modeste, Hélène a quitté depuis longtemps les Vosges. Aujourd’hui, elle a la quarantaine. Un burn-out brutal l’oblige à quitter Paris, revenir là où elle a grandi, entre Nancy et Epinal. Elle s’installe avec sa famille, retrouve un bon travail, la qualité de vie en somme… Un soir, sur le parking d’un restaurant franchisé, elle aperçoit un visage connu, Christophe Marchal, le beau Hockeyeur des années lycées. Christophe, ce lointain objet de désir, une liaison qu’Hélène n’avait pas vu venir… Dans leurs étreintes, ce sont deux France, deux mondes désormais étrangers qui rêvent de s’aimer. Cette idylle, cette ile leur sera-t-elle possible ?

Après des débuts comme réalisateurs encourageants (Guy), il semblerait bien qu’Alex Lutz ne parvienne pas à transformer le galop d’essai en une promesse plus affirmée. Une nuit nous avait déjà singulièrement déçu par son maniérisme, sa boursoufflure, ses dialogues insipides, sa propension à filmer pour filmer (et non pour dire, quoi que cela fût), ou plus exactement à se regarder filmer. Connemara présente les même défauts, même si Lutz se résout à revenir à une narration plus classique, s’appuyant sur un récit de Nicolas Mathieu. Certes Mélanie Thierry, à moindre titre Bastien Bouillon, se démènent pour essayer de sortir le film de la torpeur dans laquelle la surabondance de musique, qu’elle souligne ou masque le vide, nous entraîne, mais rien n’y fait; à vouloir trop en faire Lutz oublie l’essentiel, l’intention artistique et intellectuelle. La forme, insipide et datée irrite, nous sommes sur un « cinéma de papa » tout au plus, qui prétend mais propose très peu. Le fond aussi. Les quelques réserves que nous pouvions avoir sur Partir un Jour, au sujet proche, se retrouvent ici au centuple. La question du territoire, le regard porté sur celui-ci, bien malgré lui diffuse un message ô combien dérangeant et déconnecté. Sensé diffuser un attachement, une nostalgie vis à vis d’une région , et de son mode de vie à l’opposé de celui de la capitale, le film au contraire diffuse un snobisme de bas étage, qui voudrait que la tradition rime avec encroûtement et manque d’ambitions, que la simplicité rimerait avec bêtise, mêlant condescendance crasse et misanthropie. Le titre même du film, Connemara, emprunté à Michel Sardou, ce grand penseur, choisi pour clore le désagréable spectacle d’ensemble, tout comme les nombreux clichés « beauf », à commencer par le mariage (même si cela existe, réduire le mode de vie provincial à cela est intellectuellement malhonnête, ou totalement déconnecté) participent à nous détacher totalement du film, qui par ailleurs manque cruellement d’une pensée intellectuelle, de littérature, de poésie, d’aspiration, et d’un regard acerbe. A éviter.

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